Les agences de tourisme présentes au Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) étaient à pied d'œuvre lors de la manifestation qui a fermé ses portes mercredi dernier. Afin de pousser les Algériens à visiter leurs pays respectifs, les ambassades du Kenya, la Grèce, le Mexique, le Venezuela, et l'Iran ont organisé des spectacles animés par des groupes folkloriques. Les stands ont été très animés et vivants, contrairement aux stands algériens timides. Des « kheïmas » traditionnelles ont été installées à l'entrée de ces derniers mais faute d'information et d'animation, les visiteurs ne s'y bousculaient pas. Hamida, une retraitée de la santé, a tenu à visiter le salon pour prendre connaissance des offres. « J'ai programmé des vacances à l'étranger. J'ai en tête la Tunisie parce que les prix sont très raisonnables », a-t-elle dit. Interrogée sur le choix d'une destination étrangère, Hamida a déploré le manque flagrant d'infrastructures en Algérie, le mauvais accueil et la mauvaise prise en charge des touristes. « J'étais l'année dernière en famille à Jijel, une très belle ville. Certes, nous avons loué un appartement à 8.000 DA la nuitée, mais il n'y avait aucun confort. En Tunisie, on propose des visites guidées, tu as plusieurs choix, notamment pour les enfants. Mais le plus marquant, c'est le prix qui est à la portée de la famille algérienne. » Un avis partagé par une mère de famille qui a décidé cette année de se rendre en Espagne avec ses deux enfants et son époux. « Je passe toujours mes vacances à l'étranger. Ce n'est pas du snobisme mais je cherche le prix et le confort. En 2014, je me suis aventurée en optant pour Bejaïa. J'ai loué un niveau de villa à 7.000 DA la nuit sans la moindre commodité, soit 7 millions de centimes juste pour la location sans compter les autres dépenses notamment les déplacements. Par contre, l'année écoulée, j'ai déboursé 16 millions de centimes pour un voyage en Tunisie, mais c'était un vrai régal. Nous étions hébergés dans un hôtel 4 étoiles. Il y a une bonne prise en charge, des voyages organisés, des piscines et des jeux pour les enfants. Nous avons passé de vraies vacances », a-t-elle raconté. Cette femme opte pour l'Espagne vu les prix proposés. « Je préfère Barcelone. Je suis ici pour voir les prix justement et les offres parce qu'il y a des promotions vu la forte demande pour cette destination », a-t-elle dit. Selon le responsable du stand, les hôtels espagnols sont conscients de la crise financière. Ils ont baissé leurs tarifs à des niveaux très attractifs mais il y a aussi la formule de l'hébergement chez des familles, notamment pour les jeunes », a-t-il expliqué. La crise économique n'a pas influé sur les Algériens Les agences de voyages participant à ce salon ont fait dans la promotion des destinations étrangères. « La demande est très importante et reste forte par rapport aux destinations locales, notamment durant la saison estivale », a précisé le représentant de l'agence de voyages « Bicha Voyages », Abdelkader Guemmouri. A une question sur les produits proposés cette année, notre interlocuteur a affirmé qu'il n'y a pas des produits inédits mais les destinations prisées ces dernières années sont les mêmes, à leur tête la Tunisie. « La forte demande est motivée par les prix : six nuitées dans un hôtel 4 étoiles en Tunisie, à 24 000 DA. Cette destination est suivie par la Turquie. Mais on a aussi des offres pour le Maroc et Charm El Cheikh en Egypte vu la demande enregistrée ces trois dernières années. Un séjour touristique de 10 jours à Charm El Cheikh est à 13 millions de centimes dans un hôtel 5 étoiles et un séjour de 8 jours au Maroc à 14,7 millions de centimes dans un hôtel 4 étoiles en demi-pension. Le programme des séjours à l'étranger est très riche. Il y a, par exemple, à Istanbul, des sorties dans les îles des Princesses, des croisières sur le Bosphore. En Egypte, des croisières sur le Nil, visite des pyramides et autres. Malheureusement, on ne peut rien proposer à nos touristes ici en Algérie. A Chréa, en hiver, il n'y a pas de circuits organisés pour le ski. Dans le Sud, on a le problème du manque d'infrastructures et la cherté des hôtels, notamment à Oued Souf et Taghit, à Béchar », a-t-il regretté. Pour cette agence de voyages, la crise économique et financière qui touche actuellement le pays n'a pas beaucoup influé sur les habitudes d'un grand nombre d'Algériens en matière de vacances. « On enregistre toujours des demandes. On constate de plus en plus que la culture des vacances se vulgarise parmi les concitoyens », a-t-il signalé. Dubaï pour les amateurs de shopping La destination Dubaï est demandée aussi par toutes les catégories, a fait savoir la représentante de l'agence de voyages « Sama Tours » qui assure trois destinations : la Malaisie, Singapour et Dubaï. « On a des conventions avec des agences de voyages algériennes suite à la forte demande pour la destination Dubaï. Parmi les avantages, le visa est pris en charge par les agences. On a des touristes algériens de toutes les catégories, notamment les familles, mais on constate aussi une demande notamment durant le festival Dubaï Shopping Festival qui constitue une ouverture sur le monde, et les Algériens sont très attirés par le shopping. Pour sa part, la représentante de l'agence de voyages marocaine, « Real Travel Service », Kaouthar Skouri, le touriste algérien a la notion du voyage. Il est très curieux et aime découvrir. La compagnie Turkish Airlines était présente au salon. Elle propose une promotion de 38.000 DA durant le mois de Ramadhan, selon la responsable du stand. Des destinations pour les riches et les nouveaux mariés Des Algériens aisés optent pour les destinations asiatiques, selon la représentante de l'Agence de voyages « Millésime Voyage », Meriem Bourain. « Nous avons toujours des demandes sur des destinations de luxe. Il s'agit particulièrement de l'Indonésie et de la Malaisie avec des tarifs qui avoisinent les 20 millions de centimes par personne, à l'exemple des Maldives pour laquelle l'agence propose 10 jours et 7 nuitées avec 199.000 DA dans un hôtel 3 étoiles, des excursions et 299.000 DA dans un hôtel 5 étoiles avec pension complète », a-t-elle expliqué. Est-ce qu'il y a des demandes sur ces destinations ? La responsable nous répond : « Heureusement ! Sinon, on ne serait pas là. Des gens aisés optent pour ces pays, et il y a plein de choses à découvrir. » L'agence de voyages « All Tours » a proposé un spécial voyage de noces en Malaisie, Thaïlande et en Inde. Le stand de cette agence a enregistré un flux appréciable en cette matinée dont la majorité sont des couples. Un séjour touristique de rêve proposé à 21 millions de centimes à New Delhi, Jaipur et Agra avec un accueil traditionnel et un collier de fleurs. L'agence propose un voyage de noces à 22 millions de centimes et 18 millions de centimes en Thaïlande. « On a décidé de faire une petite réception de mariage et économiser l'argent pour faire ce voyage de rêve. J'avais opté pour l'Inde mais je vois que la destination Thaïlande est très riche », a confié la jeune fiancée. Destination Algérie : Faible demande Qu'en est-il de la destination Algérie ? Les stands étaient vides à notre arrivée. Les agences de tourisme ont reçu une faible demande à cause de la cherté des prix et le manque d'infrastructures. La représentante deTouring Club Algérie, Sarah Rezzoula, a indiqué qu'il y a une très faible demande en été notamment. « Nous avons proposé des produits nouveaux cette année, comme des week-ends à Timimoun, Mascara, Tamanrasset... Pour Timimoun, nous avons proposé un séjour de 4 jours par bus à 25.000 et 40.000 DA à Tamanrasset par avion, mais nous sommes confrontés au problème d'hébergement, notamment des étrangers qui préfèrent les lieux traditionnels. Mais sur le terrain, la réalité ne permet pas de faire plus. Nous organisons des week-ends dans les stations balnéaires à la demande mais les touristes sont insatisfaits de l'hébergement et de la qualité de la nourriture », a-t-elle déploré. La Fnot optimiste La Fédération nationale des offices de tourisme a participé au salon cette année sous le slogan « Jeune, découvre ton pays ». Selon son président, Abdelkader Azzouz, la destination Algérie est boudée en raison du manque de volonté de l'Algérien de découvrir son pays ainsi que le manque d'infrastructures dignes de ce nom. « Le ministère du Tourisme vient d'adopter une nouvelle politique pour promouvoir ce secteur et relancer le tourisme local. On a constaté une prise de conscience touristique chez les Algériens à la lumière du grand flux relevé sur les plages algériennes. Moi, j'invite l'ensemble des citoyens à se rapprocher des offices de voyages, seuls partenaires du citoyen ». Le responsable a mis en avant les avantages de la formule « location chez l'habitant » qui constitue une réussite. « La formule a créé des liens entre les familles algériennes », a-t-il noté avant d'ajouter : « Il faut développer le tourisme interne, l'Algérie est un musée à ciel ouvert » et le tourisme se vit toute l'année », a-t-il plaidé.
