Malgré toutes les mesures prises pour éviter la fraude, au moins un sujet a fuité au premier jour des épreuves du bac. Le sujet de l'épreuve de langue arabe du baccalauréat a été publié sur des pages Facebook après le retour de la connexion internet, a indiqué, hier, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, à partir de Tébessa où elle a donné le coup d'envoi officiel de l'examen du baccalauréat, en assurant que "la Commission interministérielle, chargée du suivi du bon déroulement du baccalauréat et présidée par le ministère de la Justice, prendra des sanctions contre les responsables de ces fuites". Ces fuites, qui interviennent en dépit des mesures mises en place pour sécuriser le baccalauréat, dont la coupure d'internet durant la première heure de chaque épreuve est de loin la plus décriée par les Algériens, semblent avoir montré leurs limites, puisqu'au moins un sujet a fuité. Pour justifier la "coupure de l'accès à internet pendant une heure au début de chaque épreuve", le ministère de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique, rappelle-t-on, a avancé le souci "d'empêcher tout ce qui est susceptible d'impacter négativement l'examen, outre une coupure éventuelle d'accès aux sites des réseaux sociaux". Le département de Houda-Imane Faraoun, qui a jugé utile aussi de faire accompagner le planning des coupures d'une explication, fait savoir que "cette suspension concerne aussi bien les clients résidentiels que les opérateurs de télécommunications, à l'exception des opérateurs économiques disposant de liaisons spécialisées, assurant un service d'intranet". Outre la reconduction des mêmes mesures prises lors des sessions précédentes, à savoir l'interdiction pour les candidats, les enseignants, les surveillants, ainsi que le personnel administratif d'introduire les téléphones portables et tout objet connecté dans les salles d'examen, le ministère de l'Education nationale a décidé, pour sa part, de soumettre les candidats aux détecteurs de métaux à l'entrée des centres, en sus des brouilleurs de télécommunications et des équipements de vidéosurveillance installés dans les centres d'impression des sujets. Mme Benghabrit a, lors d'une rencontre informelle avec la presse, expliqué que la mesure de la coupure d'internet au début de chaque épreuve a été prise afin d'éviter les tentatives de fraude, tout en faisant l'aveu que "cet élément nous est imposé. C'est un cas de force majeure. On n'est pas à l'aise concernant le recours à la coupure, mais on ne doit pas baisser les bras devant de tels phénomènes". Un sujet sur lequel elle est revenue, hier, en marge de la cérémonie du coup d'envoi des épreuves du baccalauréat à partir de Tébessa, en affirmant qu'"il n'y a de pertes que s'il n'y a pas de prévoyance" et suggérant aux citoyens de s'adapter au planning mis en place par le ministère des Ptic. Mais cela est loin d'atténuer la colère des citoyens dont les affaires sont à l'arrêt pour cause de cette mesure. Le citoyen lambda s'interroge sur la justesse d'une telle mesure qui ne concerne que 700 000 candidats, alors que la coupure d'internet n'est pas sans incidences négatives sur certains secteurs de l'économie dont les activités en dépendent, comme les aéroports, les banques, les cybercafés, etc. De plus, la coupure vient se greffer à la reconduction des mesures d'interdiction des smartphones et de la 3G, qui est amplement à même de faire échec aux tentatives de fraude. Ce qui revient à dire à certains que la coupure d'internet n'est autre qu'un aveu d'échec du gouvernement qui n'arrive pas à venir à bout d'un phénomène profondément incrusté dans la société. A. R. [email protected]