Se prononçant en tant que chef de parti RND sans se défaire totalement de sa casquette de Premier ministre, Ahmed Ouyahia a indiqué que l'assiette foncière devant accueillir l'usine Peugeot, à Oran, n'est "pas une terre agricole", assurant que "le gouvernement va se pencher sur le dossier des terres agricoles". "Ce n'est pas une terre agricole. C'est juste quelques épis qui ont poussé après les chutes de pluie et le propriétaire en a profité pour actionner les choses", a déclaré Ahmed Ouyahia lors de la conférence de presse animée hier à Alger. Interrogé sur ce dossier, Ouyahia a pratiquement tranché la question en balayant d'un revers de main toutes les inquiétudes du groupe PSA (Peugeot-Citroën) et ses partenaires. Il serait question aussi et surtout de mettre fin à toutes les tentatives visant à faire capoter ou, du moins, faire traîner le projet en question. La polémique sur le terrain et sur sa probable vocation agricole a été déclenchée, pour rappel, par une personne qui s'est présentée comme étant l'un des propriétaires du terrain. Ce dernier, selon des informations véhiculées par plusieurs médias nationaux, aurait d'abord accepté l'indemnisation avant de faire volte-face à la dernière minute pour des raisons qui demeurent obscures. D'aucuns se demandent pour quelle raison l'agriculteur concerné avait attendu tout ce temps pour manifester une opposition juste au moment du démarrage des travaux. Une telle opposition, qui plus est, obéit à une procédure administrative qui ne pourrait pas intervenir trois mois après le début des travaux de viabilisation d'une assiette de terrain, de surcroît visitée à plusieurs reprises par le wali, d'une part, et les responsables chargés de l'investissement et ceux de la direction l'industrie et des mines (DIM) de la wilaya d'Oran, d'autre part. Le projet est passé, souligne-t-on, par plusieurs étapes et autres procédures, faisant, ainsi, l'objet d'un décret de déclassification (n°11- 27/10/2016) pour un terrain à usage agricole en faveur des projets d'envergure comme celui de Peugeot (arrêté 261 du 13 novembre 2017) en plus du rapport des domaines généraux n°12 076 et 2017/611. Des rapports qui, contre toute attente, ont servi aux autorités concernées d'engager ce terrain au plus haut niveau ministériel avec des décisions en CPE et CNI fin 2017 et début 2018, portant sur un projet d'intérêt national. "Si on maintient les terres agricoles à faible rentabilité, on ne trouvera plus de terrain pour construire", a soutenu Ouyahia. Il est d'ailleurs attesté par les experts que "le terrain est au bord de la sebkha (terres salées à 50%), marécageuse et non cultivée (très peu de cultures et peu de pâturages). Toutes les zones au bord de la sebkha sont en cours de construction : marché de gros, port sec". Il s'agit, en fait, selon ces mêmes experts, "de zones inondables qui nécessitent un travail important pour leur réhabilitation". Ouyahia reconnaîtra, toutefois, qu'"il existe bel et bien des abus dans l'utilisation des terres agricoles comme c'est le cas d'un vignoble sis à quelques kilomètres d'Alger". D'où sa promesse que "le gouvernement va se pencher sur le dossier des terres agricoles". Nabila Saïdoun