Le projet de construction de l'usine de montage de Peugeot-Citroën Production Algérie à El-Hamoul, 18 km à l'est d'Oran, semble sérieusement compromis en raison d'une enquête lancée par la justice sur des irrégularités présumées dans la procédure d'expropriation de 8 propriétaires de 120 hectares de terres agricoles (champs de céréales) déclassifiées pour accueillir le projet algéro-français. Convaincu d'être victime d'une spoliation qui ne dit pas son nom, l'un des agriculteurs, le nommé Lazhari, a lancé un appel pressant aux plus hautes autorités de l'Etat afin qu'elles interviennent pour lui rendre justice. Dans une vidéo largement partagée par les réseaux sociaux et les sites d'information online, l'homme affirme qu'en dépit des engagements des autorités locales, il n'a pas encore reçu le moindre centime à titre d'indemnisation. "Tous les responsables que nous avons rencontrés nous disent que ça vient d'en haut. Nous sommes fatigués des affairistes et des mensonges", se plaint-il, en appelant à l'intervention du président de la République. Selon des sources crédibles, le parquet général près la cour d'Oran a ouvert une enquête et l'agriculteur aurait déjà été entendu, en attendant l'audition de toutes les parties liées à ce dossier. Le protocole d'accord portant réalisation de l'usine Peugeot-Citroën Production Algérie pour un investissement de 100 millions d'euros a été signé en novembre 2017 selon la règle 51/49%. La part revenant à l'Algérie est répartie entre le groupe de l'Entreprise nationale de production de machines industrielles de Constantine (20%), Condor (15,5%) et la société pharmaceutique Palpa Pro (15,5%). L'option El-Hamoul prise par les autorités pour l'implantation de l'usine répond aux mêmes critères qui ont présidé au choix du site de Renault en son temps, notamment l'important réseau d'infrastructures et de voies de communication (aéroport, autoroute Est-Ouest, voie ferroviaire...). "C'est un crime que de vouloir installer une usine sur des terres aussi fertiles", se lamente Lazhari dans la même vidéo en déplorant que l'Algérie ait laissé sur la marge l'agriculture et l'élevage. En tout état de cause, il revient désormais à la justice de se prononcer sur le dossier qui, en deux jours, a pris les allures d'un scandale, même si des observateurs rappellent que le projet a été avalisé par le Conseil de participations de l'Etat, que la déclassification des terres agricoles n'est pas illégale et qu'une usine automobile peut avoir des retombées économiques importantes pour la région. S. Ould Ali