Les organisateurs se sont intéressés durant ces journées aux "enjeux et perspectives" de cette économie digitale. La faculté des sciences économiques, des sciences de gestion et des sciences commerciales l'a organisé à ce propos, dimanche et lundi. Les organisateurs, la faculté, le laboratoire d'économie, le laboratoire de recherche en management et techniques quantitatives, la chambre de commerce et d'industrie Soummam et la direction du commerce se sont intéressés durant ces journées aux enjeux et perspectives de cette économie digitale. Et comment mettre en place l'écosystème de l'économie numérique et surtout d'assurer sa profitabilité à l'économie nationale. L'objectif du séminaire, a indiqué le président du comité scientifique, Pr Boukrif Moussa, est de sensibiliser l'ensemble des acteurs (entreprises, universités et autres institutions) aux enjeux de l'économie numérique comme un levier de croissance et de développement des entreprises à la fois par la création de nouveaux produits répondant au mieux à la demande du marché et par la mise en œuvre de nouveaux modes d'organisation interne permettant une plus grande efficacité productive. "L'université de Béjaïa est leader national en la matière", a indiqué Pr Boukrif. Et de rappeler dans la foulée que le e-commerce représente aujourd'hui un marché de 1 800 milliards d'euros et 6% du PIB mondial, en relevant toutefois qu'en Algérie il décèle un retard, voire une absence de prise de conscience et un manque d'intérêt des opérateurs économiques qui n'utilisent les nouvelles technologies de la communication que de "manière superficielle", alors que la digitalisation est un levier économique des plus importants. Toutefois, le numérique représente aussi un risque, a-t-on prévenu, pour lequel les entreprises doivent se préparer. Ces technologies posent le problème des risques de mystifications, qui nécessitent la mise en place de mécanismes de protection des données et de la propriété intellectuelle contre les utilisations illicites, a-t-on ajouté. C'est dans cette optique que des axes de réflexion ont été soumis à débat, d'autant que l'on a fait appel à des experts et des praticiens qui sont sur le terrain. Ainsi, Dr Kahlane Ali, senior consultant et expert en matière de transformation digitale, a fait un état des lieux de la transformation numérique en Algérie. On y apprend que l'Algérie était effectivement en avance au niveau du continent et de la zone arabe avec la création en 1969 de l'école d'informatique et de l'entreprise nationale d'informatique à partir de 1970. Quelques années plus tard, soit en 1982, l'Algérie a commencé à fabriquer des ordinateurs. Cette avancée en matière de nouvelles technologies a été malheureusement stoppée puisqu'il y a eu un coup d'arrêt. On a mis fin au monopole de l'Etat. Aussi sur les 200 opérateurs exerçant dans le secteur, 40 seulement sont étatiques, 120 privés et une trentaine sont des étrangers (HP, IBM...). Les années 2000, les infrastructures ne sont pas tout à fait à niveau donc pas vraiment "set for success" (paré pour le succès), a déploré Dr Kahlane. L'enseignant-chercheur Farid Farah a présenté une communication intitulée "Le prérequis pour une transition numérique dans le contexte algérien". Il a expliqué que l'Algérie est dans une étape de transition. Transformer tout ce qui est analogique en numérique. Il citera en exemple le chantier du ministère de l'Intérieur, qui est en passe de convertir une identité traditionnelle en numérique avec les documents biométriques. Et celui de la Cnas et de la Casnos avec la carte Chifa. Il a plaidé pour un investissement dans les datas centers afin d'aller au-delà des processus dématérialisés pour la transformation numérique et investir aussi dans la sécurité. Le directeur de Maghreb Emergent, El-Kadi Ihsane, a présenté une communication sur "Les médias digitaux, marqueur social de la numérisation. Cas de l'Algérie". Comme les 280 invitations adressées aux opérateurs économiques pour assister au séminaire n'ont pas reçu de suite, le journaliste a parlé en tant qu'entrepreneur et responsable de plateforme d'édition de presse électronique. Il affirme qu'il ne peut y avoir d'économie digitale s'il n'y a pas de réussite de start-up. Et déplorer la faiblesse de l'offre digitale avant de s'interroger : la misère des médias digitaux dz serait-elle un choix autocratique ? Il répond qu'il existe bien un problème autoritaire de base. Il citera l'exemple de l'audiovisuel, des services de géolocalisation, de la coupure internet – le hasard a voulu que son intervention coïncide avec la coupure d'internet en raison du baccalauréat – et enfin retard de l'internet mobile. M. Ouyougoute