L'Algérie dispose d'une quarantaine de centres de cure opérationnels. Pour la célébration, hier, de la Journée mondiale de lutte contre la drogue et la toxicomanie, le ministère de la Santé, en collaboration avec l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), a organisé un séminaire national à Constantine, dédié à l'évaluation des Centres intermédiaires de soins en addictologie (Cisa) et centres de cure (CC). Une occasion pour tous les représentants des Cisa rassemblés en la circonstance d'évaluer leurs actions et, partant, de recommander d'autres mesures, afin de mieux adapter les soins aux personnes prises en charge. Selon la directrice de la communication et de prévention au niveau de l'ONLCDT, "dans sa politique nationale de prévention contre le fléau de la drogue, l'Algérie a inclus depuis 2004 l'approche sanitaire dans la prise en charge des personnes impliquées dans des affaires de détention et usage de drogue ou, souffrant d'addiction. Selon loi 04-08, ces derniers peuvent bénéficier d'une mesure alternative qui est l'injonction thérapeutique sur décision du procureur de la République". Une approche qui a induit le besoin d'avoir des centres sur tout le territoire national, et à ce jour, l'Algérie dispose d'une quarantaine de centres qui sont opérationnels, selon les chiffres avancés durant cette rencontre. "Les statistiques dont dispose l'ONLCDT donnent un aperçu sur les personnes qui se sont rapprochées de ces centres, mais qu'en est-il des autres consommateurs de drogues sachant que la collecte des données n'est pas aussi simple ?", s'est interrogée Mme Keddache. D'autres sources tels les chiffres émanant des services de luttes contre les stupéfiants ou ceux du ministère de la Justice concernant les personnes impliquées dans des affaires de trafic de drogues peuvent permettre, selon elle, d'estimer en gros la tendance de la consommation des drogues en Algérie par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie qui est l'organe central qui regroupe tous les secteurs, afin de coordonner, de suivre et d'évaluer les actions de lutte et de prévention. "Nous sommes sous la tutelle du ministère de la Justice et jouissions d'une indépendance, mais le secteur avec lequel nous travaillons étroitement est celui de la santé conformément à l'approche sanitaire adoptée par l'Algérie. Nous avons un besoin urgent en termes de collecte des informations car il y a des lourdeurs administratives sur les activités des centres dont les bilans permettent d'exprimer les besoins en la matière. La réflexion est donc orientée vers la modernisation des moyens de communication de ces centres, afin que les informations nous parviennent en temps réel et nous plaidons pour l'installation d'un réseau intranet entre ces centres pour plus d'efficacité", a-t-elle plaidé. Selon la responsable de l'ONLCDT, les bilans trimestriels publiés par l'Office révèlent que les saisies de drogue ont baissé et, parallèlement, le nombre de consommateurs est en nette hausse. Pour sa part, le représentant du ministère de la Santé, M. Chekali, atteste que 42 Cisa sont fonctionnels et 8 autres en cours d'achèvement, alors qu'en matière de centres de cure, 2 seulement sont fonctionnels en attendant la réception de trois autres centres, selon l'état arrêté au début de cette année. Pour lui, "l'action du secteur de la santé participe à la réduction de la demande de drogue par l'offre de prise en charge adéquate aux victimes de ce fléau et l'action de prévention auprès des jeunes. La lutte contre la drogue s'inscrit aussi dans une logique régionale et mondiale comme le recommande le plan global de santé mentale de l'OMS (2013-2020) et de l'ONUDC." Et partant, le conférencier souligne que "la lutte contre les addictions est intégrée dans le Plan national de promotion de la santé mentale PNSM 2017-2020 dont vient de se doter le ministère de la Santé et dont le comité de suivi est prévu par le décret exécutif n°18-44 du 23 janvier 2018". En conclusion, il soulignera que "beaucoup reste à faire, car il faut se résoudre à l'idée que le processus de mise en place de la lutte contre les addictions dans la proximité est lent et que des défis, à l'instar de la gestion des risques des usagers de drogues injectables (UDI), sont là". Kamel Ghimouze