Hier, sur le marché interbancaire des changes, le dinar perdait davantage contre le dollar et tentait de se reprendre face à l'euro ; deux nouvelles tendances qui marquent depuis peu le marché officiel des changes. Les cotations hebdomadaires de la Banque d'Algérie, communiquées hier, lèvent le voile sur une nouvelle semaine de dépréciation du dinar face au billet vert. La monnaie nationale s'est, en revanche, légèrement appréciée face à l'euro. En effet, la valeur du dollar est fixée depuis hier à 116,08 dinars à l'achat et à 123,17 dinars à la vente, tandis que la valeur de l'euro est de 134,22 dinars à l'achat et de 142,45 dinars à la vente. Dans ses précédentes cotations hebdomadaires (semaine allant du 24 au 30 juin 2018), la Banque centrale a fixé la valeur du dollar à 115,97 dinars à l'achat et à 123,05 dinars à la vente. La valeur de l'euro était de 133,89 dinars à l'achat et de 142,09 dinars à la vente. En variations mensuelles, l'évolution du dinar par rapport aux principales devises est quasi imperceptible en l'absence de nouveaux notables provenant du front du commerce extérieur. Mais en variation annuelle, la dépréciation du dinar face à la monnaie unique est nettement plus perceptible. Contre le billet vert, la monnaie nationale se dépréciait légèrement, mais la tendance s'est accélérée depuis janvier, conséquemment aux réglages budgétaires entamés par le gouvernement. Il y a un an (du 2 au 8 juillet 2017), la valeur du billet vert était fixée à 106,22 dinars à l'achat et à 112,71 dinars à la vente, alors que la valeur de la principale devise du Vieux Continent était de 121,20 dinars à l'achat et de 128,61 dinars à la vente. C'est que les tentations protectionnistes du gouvernement n'offrent aucune marge de profits au dinar, hormis les quelques sous grappillés contre l'euro ces quelques dernières semaines. Après trois longues années de dépréciation ininterrompue face à la monnaie unique, passant d'une moyenne de 107 dinars pour un euro en juin 2014 à 142 dinars pour un euro hier, la monnaie nationale recule désormais un peu plus nettement face au dollar. Cette nouvelle tendance a été amorcée depuis le début de l'actuel exercice budgétaire, alors que l'érosion du dinar contre le billet vert était moins prononcée que sa dépréciation face à l'euro. Il y aurait une volonté naissante de renchérir le coût des importations en provenance de certains fournisseurs de la zone dollar, dont la Turquie et la Chine. L'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Badreddine Nouioua, contacté par Liberté, estime qu'il "y a un sérieux travail à faire concernant la structure des importations", étant donné que "les manipulations faites sur le dinar n'ont eu aucune incidence sur la valeur des importations". L'erreur de la Banque d'Algérie, pense-t-il, "est de croire qu'on peut établir un taux de change adapté au dinar", alors que cette dépréciation est une "vraie catastrophe qui n'a aucune raison d'être". L'idée de base, chez les responsables de la Banque centrale, consistait à dévaluer le dinar pour renchérir le coût des importations et remédier à la baisse des recettes de la fiscalité pétrolière libellée en dinar. Sur le marché parallèle des changes, déclaré illégal mais toléré par les autorités, la valeur du dinar a atteint un niveau très bas historique. Un euro s'échangeait hier contre 213 dinars, alors qu'un dollar valait 183 dinars au square Port-Saïd. Ali Titouche