Hier, le téléphone du concerné a continué de sonner, mais ce sont d'autres personnes qui ont décroché et toutes étaient confuses, ne sachant que répondre. Il y a quelques mois, Mourad Hadj-Saïd exerçait un quasi-monopole sur l'installation des panneaux publicitaires dans l'Algérois et dans d'autres agglomérations du pays. Commercialisant le mobilier urbain qu'il "offrait" gracieusement aux communes de la capitale, le patron de la société A. Display a même parrainé des séminaires portant sur la "Smart City" avant que les autorités ne s'intéressent au sujet. L'homme faisait ses affaires dans une relative discrétion jusqu'à ce soir d'avril lorsqu'un panneau de publicité géant est tombé sur l'autoroute de Ben Aknoun, blessant mortellement un ouvrier. Depuis, les affaires tournent mal pour cet enfant d'Azazga, âgé de 48 ans. Dimanche, Mourad Hadj-Saïd a été arrêté et mis sous mandat de dépôt pour "corruption, dilapidation de biens publics et négligences". L'information commençait à circuler sur les réseaux sociaux depuis quelques jours avant que les sites d'information ne s'emparent du sujet. Pour vérifier l'information, nous avons contacté, hier, en début d'après-midi, le concerné par téléphone. Un homme répond, puis nous passe rapidement un autre homme qui semble être un collaborateur du patron de l'entreprise qui s'appelait auparavant "Avenir décoration". "La commission juridique de l'entreprise est en réunion", explique l'homme, visiblement confus. "Nous allons communiquer plus tard", a-t-il ajouté. Mais à la question de savoir où était Mourad Hadj-Saïd, notre interlocuteur botte en touche. "Nous vous répondrons plus tard..." La réponse n'est jamais arrivée. En revanche, nous apprendrons par d'autres sources que parmi les reproches qui sont faits à l'homme d'affaires, la chute du panneau de Ben Aknoun en fait partie. Le P/APC de cette commune de l'Algérois a, d'ailleurs, été entendu dans cette affaire comme simple témoin. Avant l'arrestation de Mourad Hadj-Saïd, tous les panneaux géants installés par la société A. Display ont été sciés par les ouvriers de la wilaya d'Alger. Les services d'Abdelkader Zoukh reprocheraient à l'homme d'affaires d'avoir failli à ses obligations contractuelles qui le lient aux autorités locales. Mourad Hadj-Saïd n'aurait pas versé les droits dus aux communes dans lesquelles les panneaux publicitaires de sa société ont été installés. La société A. Display serait également mauvais client pour les impôts. Il reste maintenant à savoir si la justice ira jusqu'au bout. Saura-t-on, par exemple, dans quelles conditions l'homme d'affaires a pu obtenir autant de marchés ? Qui lui a permis une telle extension ? Autant de questions qui peuvent être posées sur autant de marchés publics qui n'ont pas été attribués dans le respect des règles. Ali Boukhlef