L'ouverture des canaux du réescompte dès l'été 2016 leur a permis de disposer d'un argent frais dont l'encours avait atteint 590 milliards de dinars à fin janvier 2017. Au terme de plusieurs années de surliquidités, les banques publiques valsaient depuis le début de 2016 au rythme d'un déficit chronique de liquidités. Certaines banques raclaient le fond des caisses, obligeant la Banque d'Algérie à rouvrir les canaux du réescompte et de l'Open Market, deux dispositifs qui se sont relayés depuis l'été 2016, avant que la planche à billets ne vienne renflouer les caisses dès octobre 2017. Les banques, publiques essentiellement, portaient les stigmates du violent contrechoc pétrolier de juin 2014 qui s'est traduit par une importante contraction des ressources. L'ouverture des canaux du réescompte, dès l'été 2016, leur a permis de disposer d'un argent frais dont l'encours avait atteint 590 milliards de dinars à fin janvier 2017. Le guichet de réescompte a été aussitôt fermé et cède son rôle au dispositif de l'Open Market. À fin octobre 2017, coïncidant avec l'adoption de la planche à billets, le refinancement des banques par le recours à l'Open Market se situait autour de 596 milliards de dinars, à en croire des statistiques des responsables de la Banque centrale. Les banques ne disposaient alors que de 482 milliards de dinars de disponibilités. Certains banquiers avaient déjà le regard rivé sur le Parlement où se débattait le recours à la planche à billets comme moyen de financement. Les premiers tirages de monnaie ont permis à la BNA de respirer en disposant d'un cash-flow de 545 milliards de dinars. En tout cas, "ce mix des financements utilisés a produit les effets escomptés. Non seulement la liquidité bancaire est bien remontée, mais aussi nous sommes très loin d'un scénario catastrophe qui verrait l'économie nationale connaître l'hyperinflation ou un poids important de la dette publique", estime Anisse Terai, banquier et économiste. Cependant, de son avis, cette politique "n'est pas durable et n'est pas à même de résoudre les problèmes structurels du financement du secteur bancaire et de la dépense publique". Pour lui, l'enjeu est de se doter d'une véritable politique monétaire qui découle d'une vision pour le développement durable. Si les trois dispositifs de financement ont permis à certaines banques de survivre, elles ne sont, néanmoins, tirées d'affaires qu'à court terme. Car, "en réalité, la crise des liquidités n'est que l'expression d'un malaise beaucoup plus profond", estime Anisse Terai, contacté par Liberté. En tout cas, les risques macroéconomiques persistants installent un climat d'appréhension, tant il est vrai que les politiques prudentielles et de gestion des risques dont disposent les banques sont pour le moins archaïques. Dans son dernier rapport sur l'Algérie, rédigé au titre de l'article 4 de ses statuts, le FMI a appelé à ne pas perdre de vue les risques macroéconomiques, en renforçant le cadre macroprudentiel, notamment en menant plus régulièrement des tests de résistance et en établissant un dispositif de gestion des crises. Pour ainsi dire, même si le spectre de la sous-liquidité s'est éloigné après deux années, pour le moins tumultueuses, les banques ne sont pas pour autant totalement tirées d'affaire, étant donné que les indices macroéconomiques demeurent au rouge. Ali Titouche