Le gel de ce préavis de grève, qui intervient à la demande de la direction d'Air Algérie, est de nature à faire durer de longs mois encore le suspense quant à un conflit social qui a tenu en haleine l'opinion publique. La grève des mécaniciens d'Air Algérie n'aura finalement pas lieu. Telle est la décision prononcée hier par le tribunal de Dar El-Beïda, qui a, dans son verdict, gelé le préavis de grève déposé par le syndicat représentant la corporation, et qui devait intervenir demain mardi 31 juillet. C'est, en effet, ce que nous avons appris auprès d'Ahmed Boutoumi, le président du Syndicat des techniciens et mécaniciens de maintenance des avions (SNTMA), qui a expliqué que le juge des référés a décidé le gel de la grève jusqu'au jugement du dossier par la chambre sociale, qui statuera sur le fond du conflit, à partir du 5 août prochain. "Cela pourra prendre jusqu'à deux ou trois mois pour décider si notre grève est légale ou illégale", précise Ahmed Boutoumi qui, un tantinet dépité, a expliqué : "Nous allons faire appel de cette décision parce qu'il s'agit d'un verdict de première instance, mais à quoi bon, puisqu'ils ont réussi à geler légalement notre préavis de grève ?" Cela étant, le président du Sntma, qui dira se soumettre à la décision de justice, a indiqué que son syndicat le fera savoir à travers un communiqué devant sanctionner la réunion du conseil national prévue pour hier, en fin d'après-midi, ou pour aujourd'hui. Le gel de ce préavis de grève, qui intervient à la demande de la direction d'Air Algérie, est de nature, soulignons-le, à faire durer de longs mois encore le suspense quant à un conflit social qui a tenu en haleine l'opinion publique. Cela fait suite à moult rebondissements et à une série de communiqués sanctionnant les assemblées générales qui contenaient mal la colère sourde de la base, qui réclamait l'application de la convention collective, notamment son chapitre relatif à la hausse des salaires. D'où le dépôt d'un préavis pour un débrayage devant avoir lieu à compter de demain, 31 juillet. Mais la réaction de la direction de la compagnie ne s'est pas fait attendre, puisqu'elle a saisi en référé le tribunal de Dar El-Beïda pour le gel de cette grève. Dans sa requête, elle reproche au Sntma "le non-respect du délai édicté par la convention collective qui est de 21 jours pour le dépôt du préavis de grève", "l'absence de quorum à l'assemblée générale ayant été à l'origine du vote de la grève" et "le non-respect également des clauses de la convention collective qui stipulent la nécessité de passer par une commission paritaire de négociations". Mais au-delà de ces griefs auxquels a répondu le Sntma, ce conflit a démontré que le dialogue social était le grand absent à l'exception de quelques échanges épistolaires et des invitations rejetées, notamment la fin de non-recevoir à une demande de réunion au 16 juillet à mettre à l'actif de la direction de la compagnie, et qui a pour objectif d'arrêter les modalités d'une opération de benchmarking, a-t-il déploré dans un récent post de son conseil national. Le SNTMA, qui a, d'ailleurs, exclu avoir été contacté par la direction d'Air Algérie, nie avoir entamé "des discussions ou négociations" concernant ses revendications ou un quelconque sujet. En revanche, il décrit "un climat malsain" et une "pression terrible" au sein de la compagnie. Une situation qui, si elle venait à perdurer, ferait certainement perdre du galon et de précieuses places à la compagnie nationale Air Algérie qui, d'ailleurs, ne figure pas dans le top 100 des meilleures compagnies aériennes dans le monde, tel qu'établi par certains organismes de consultation étrangers. A. R. [email protected]