À l'issue de deux sessions de son instance consultative, le MSP a maintenu en poste son président, considérant que sa nomination en tant que ministre d'Etat n'est pas une entorse aux textes fondamentaux du parti. Dix-huit heures non-stop de palabres, dans le cadre d'une session extraordinaire du conseil consultatif du parti (de mercredi 17h à jeudi 13h, selon des cadres du mouvement), ont fini par avoir raison des détracteurs de Abou Djerra Soltani. Ce dernier garde bon gré mal gré son statut de président du MSP. Jeudi en fin d'après-midi, il a fait son entrée dans la salle de conférences de la mutuelle des matériaux de construction de Zéralda sous une salve d'applaudissements des membres du majliss echoura, qui s'apprêtaient à enchaîner sur les travaux d'une session ordinaire. C'était là un signe, lancé en direction des représentants de la presse nationale, que les tourments du parti sont transcendés sans grands heurts, du moins en apparence. “Vous avez fait preuve de finesse de jugement et de sagesse dans la compréhension de questions sensibles”, leur a adressé le successeur du défunt Mahfoud Nahnah, dans son allocution d'ouverture de la rencontre organique. “Les aléas de conjoncture ont été fatals à plusieurs partis politiques. Heureusement que votre position consciente a évité ce sort au mouvement”, continue le tribun. C'est la seule allusion qu'il s'autorisera sur la crise latente que couvait le parti depuis sa nomination au gouvernement au titre de ministre d'Etat, le 1er mai dernier. Il se lancera par la suite dans un long discours fleuve expurgé de l'essentiel, en termes de questions politiques. Sollicité par les journalistes lors d'une courte pause, le président du MSP s'est montré très parcimonieux dans ses déclarations, au motif qu'il est tenu par l'obligation de réserve jusqu'à l'achèvement des travaux de la session ordinaire du conseil consultatif. “Je répondrai volontiers à toutes vos questions samedi dans une conférence de presse”, a-t-il promis. Devant l'insistance des journalistes, qui souhaitaient connaître le résultat des discussions menées la veille âprement selon quelques indiscrétions (environ 200 intervenants autour de la pertinence de la présence du président du MSP au gouvernement), Abou Djerra Soltani s'est résolu à révéler que le madjliss echoura a conclu que son acception d'un poste ministériel ne constitue pas une entorse aux textes fondamentaux du parti. Il a aussitôt demandé à l'un des responsables de son parti de distribuer le communiqué de l'instance organique souveraine entre deux congrès. Son président, Mohamed Magharia, n'y est pas allé de main morte pour rappeler à l'ordre les cadres du parti qui ont fustigé publiquement Abou Djerra Soltani au lendemain de son intégration au gouvernement Ouyahia. “Le conseil s'insurge contre le traitement des affaires internes du mouvement en dehors du cadre organique et dans les colonnes de la presse.” Il a menacé de sanctionner à l'avenir tout membre structuré du parti qui ne respectera pas cette règle disciplinaire. Plus subtilement, il a mis en garde le président du parti contre la velléité de prendre, encore une fois, une décision engageant le parti sans consulter au préalable ses structures élues. En toute vraisemblance, la direction du MSP a choisi la voie de l'apaisement, pour ne pas se perdre dans les méandres d'une crise dont l'issue est improbable. Souhila H.