Le MSP est en passe de connaître une crise. La nomination de Bouguerra Soltani, lors du dernier remaniement ministériel, au poste de ministre d'Etat, sans portefeuille, a provoqué un séisme au sein de ce parti. Plusieurs de ses cadres, les plus influents, tels Abdelmadjid Menasra et Ahmed Dane, ont mal accueilli la nouvelle et l'ont dénoncée à travers la presse. Hier encore, un climat de tension a régné au Centre international de presse, à Alger, lieu d'un débat sur la presse algérienne organisé par le MSP. Bouguerra Soltani, venu pour intervenir en tant que président du parti, a eu tout le mal du monde à rester longtemps parmi ses désormais antagonistes. D'ailleurs, terminant la lecture rapide de son intervention écrite, le nouveau ministre d'Etat du président Bouteflika a quitté la salle en trombe, laissant les journalistes courir derrière lui. Soltani ne veut, sans doute, pas parler de sa nouvelle fonction au sein de l'Exécutif. Fonction à définir ! Après son départ, ceux considérés comme ses proches collaborateurs sont montés au créneau pour le descendre en flammes, allant même jusqu'à dire qu'ils ne sont pas surpris par « la manœuvre » du président du parti. Pourquoi les cadres du MSP ont-ils accueilli si mal la nomination de l'un des leurs au gouvernement, soit un portefeuille de plus pour le parti ? Derrière leur colère, se cachent, sans nul doute, des desseins inavoués. El Hadj Slimane Dhiri, membre fondateur du MSP aux côtés de Mahfoudh Nahnah, actuellement membre du conseil consultatif, a expliqué, hier, ce qui a motivé son rejet de la nomination de Soltani au gouvernement. « Le président du parti a pris seul la décision d'intégrer le gouvernement. Il n'a pas consulté les instances du parti. C'est pour cela que nous avons condamné cette démarche unilatérale qui ne sert pas les intérêts du parti », a-t-il indiqué. Pour Abdelmadjid Menasra, premier à afficher son « contre » publiquement au lendemain du remaniement, « il s'agit d'une question de non-respect des traditions et du fonctionnement du parti ». « Nous n'accepterons pas que notre chef de parti soit sous les commandes d'un autre chef de parti, car il est le porte-parole et le responsable numéro un du parti », a-t-il ajouté. Abderrahmane Saïdi, député, a attesté, de son côté, que personne dans le parti n'a été au courant du poste de Soltani que le jour du remaniement. « Il nous a informés, mais pas sollicités, car il avait déjà tranché la question seul, nous mettant devant le fait accompli », a-t-il souligné. Face à ce dilemme, comment ses antagonistes vont agir ? Menasra s'est empressé de dire qu'il n'y aura pas de mouvement ou de courant redresseur au MSP, comme s'était le cas d'El Islah, après la crise du FLN. Selon lui, la décision revient statutairement au conseil consultatif qui, précisera El Hadj Slimane Dhiri, se réunira le 15 juin prochain en session ordinaire. « Nous respecterons la décision du conseil », a souligné Menasra, avant d'évoquer la réunion du bureau politique et de la commission chargée des nominations ces jours-ci pour examiner cette nouvelle donne. Soltani va-t-il démissionner du gouvernement ou va-t-il sacrifier son poste à la tête du MSP ? Difficile de parier ! Mais ses antagonistes n'hésiteront pas à demander son éviction de la présidence du parti, car, pour eux, il n'est plus « digne » de leur confiance. contre « l'emprisonnement des journalistes » Bouguerra Soltani, président du MSP, a déclaré, hier, à l'ouverture de la conférence-débat sous le thème « La presse algérienne aujourd'hui : le professionnalisme est la source de crédibilité », animée au Centre international de presse (Alger), son refus de « l'emprisonnement des gens pour leurs idées ». Ainsi, il affichera l'engagement de son parti aux côtés de ceux qui sont en prison pour leurs écrits. Quant aux journalistes qui, selon lui, sont en prison pour d'autres affaires, « c'est une autre histoire ».