Le MSP de Boudjerra, renforcé par sa crise finissante, a bien l'intention de peser plus lourd au sein de la coalition gouvernementale. Comme il était prévu par tous les observateurs avertis de la scène politique nationale, Boudjerra Soltani est sorti renforcé de son «bras de fer» avec les cadres, élus et militants de son parti, qui avaient contesté sa nomination au poste de ministre d'Etat. Le «toujours» président du MSP, très à l'aise dans ses effets de manche et ses «coups d'humour» rappelant ceux du défunt Mahfoud Nahnah, a clairement affiché la couleur, hier, lors d'une conférence de presse animée au CIP (Centre international de presse). Fort d'une décision rendue en sa faveur par le madjliss echoura, instance suprême entre deux congrès, Boudjerra Soltani a préféré évacuer en quelques mots à peine cette «crise», jetant au contraire tout son poids sur la polémique grandissante apparue entre lui et d'autres membres du gouvernement, affiliés tous au RND. Renonçant à reprendre pour son compte les déclarations qui nous avaient été initialement faites par des députés, et non des moindres, concernant le fait que ce serait le RND, et uniquement lui, qui serait derrière la décision prise de supprimer la chariaâ dans les écoles, mais aussi en tant que filière au Bac. La réponse d'Ahmed Ouyahia a été assez cinglante pour pousser Boudjerra Soltani, à son tour, à déterrer en quelque sorte la hache de guerre. Il s'est, toutefois, bien gardé de personnaliser le conflit, préférant parler d'institutions, considérant même que «Benbouzid et Ouyahia sont carrément des amis». Toujours est-il que Boudjerra Soltani a décidé de relever le défi lancé par le chef du gouvernement lancé à partir de l'hémicycle. «J'adore le ring du conseil des ministres auquel on nous a conviés», lance-t-il à la cantonade. Fort d'une précédente victoire, concernant les «reculs» opérés à propos du nouveau code de la famille, le président du MSP ajoutera, à l'appui de ses dires que «le chef de l'Etat ne peut se permettre de contrarier le peuple algérien, lequel rejette unanimement de pareilles mesures, qui ouvrent la voie à de nouvelles dérives dont les conséquences se feront sentir dans une dizaine d'années». Faisant montre d'une assurance sans limite à ce sujet, Boudjerra Soltani donnera même rendez-vous aux journalistes au lendemain de ce fameux mais hypothétique conseil des ministres pour expliciter les résultats qui en auraient découlé. Dans le même ordre d'idées, et en réponse aux critiques très amères du chef du gouvernement concernant la demande redondante du MSP pour la levée de l'état d'urgence, Boudjerra Soltani soutient que «cette revendication ne sera jamais retirée pour la simple raison que la mesure en question est devenue tout simplement inutile depuis que la situation sécuritaire a connu une embellie sans précédent». Il n'en ajoutera pas moins que «l'état d'urgence deviendra encore plus inutile, et sera sans doute levé de facto au lendemain du référendum sur l'amnistie générale dont la date est attendue d'ici à la fin de l'année et pour lequel le peuple voterait oui à plus de 90 % selon nos estimations ramenées du terrain». Dans le but d'expliquer les raisons d'une vision pareille, Boudjerra Soltani recourra à l'une de ces images qui font toute la force de son discours politique. «Si l'on suppose que l'état d'urgence est parapluie, celui-ci deviendra tout simplement inutile puisque l'amnistie générale et la réconciliation nationale ramèneront définitivement le beau temps», explique-t-il en effet. Pour ce qui est de l'Alliance présidentielle, Boudjerra Soltani précise que «celle-ci continue de progresser et de se construire à petits mais déterminés pas». C'est, du reste, la lecture que font l'ensemble des analystes politiques au fait de la situation qui prévaut dans le pays. Son sommet trimestriel, qui était attendu il y a de cela quelques jours, a simplement été reporté de quelques jours à cause de la réunion du madjliss echoura du MSP, mais aussi des nombreux engagements ministériels de ses trois leaders. S'agissant de la crise elle-même, et en présence du président du madjliss echoura, Mohamed Megharia, Boudjerra Soltani a fièrement donné lecture du «verdict» rendu par cette instance après une session extraordinaire non-stop de pas moins de 18 heures. Le madjliss echoura ne se contente pas de lui donner raison, il lui octroie au passage les pleins pouvoirs pour faire en sorte que ce genre de «dérapages» ne se produisent plus, et va jusqu'à reprocher aux détracteurs du patron incontesté du MSP d'avoir lavé le linge sale du parti en public. Des changements ont même eu lieu au niveau du bureau national afin de «rétablir les équilibres» en faveur de cette nouvelle tendance lourde, alors que l'un des plus acharnés partisans d'Abdelmadjid Menasra, Nacereddine Salem Chérif, ancien secrétaire national chargé de l'organique, aurait quitté ce poste tant convoité sur sa demande. Boudjerra Soltani, en reprenant en main les rênes de son parti, a quand même tenu à souligner que le MSP, qui prône la réconciliation, ne fait pas dans les règlements de compte, ni dans les purges. Ainsi soit-il...