Ils sont presque aussi nombreux que les professionnels et font souvent la loi. Bien que le service de l'agriculture de la wilaya ait autorisé des points de vente du mouton du sacrifice de l'Aïd, dont les trois plus importants sont situés à El-Hadjar et El-Bouni, il n'en demeure pas moins que les localités Kherraza/d'Oued-Zied, Hadjar-Eddis, relevant des communes d'El-Bouni et Oued-Aneb, composent le triangle des maquignons du week-end. À une dizaine de jours de la fête sacrée de l'Aïd El-Adha, des milliers de têtes de moutons transitent forcément par les réseaux de maquignons spécialisés, en activité dans ces régions depuis plus d'une décennie. Il se murmure que c'est dans ces patelins que des moutons avaient été, la fête précédente, lubrifiés à l'aide des produits chimiques, qualifiés de très dangereux pour la santé publique, afin de leur donner une bonne allure, pour les vendre au moins deux fois plus chers que leur prix réel. À rappeler qu'à l'occasion de l'Aïd des année 2013 et 2014, des dizaines de familles ont été contraintes de jeter de grosses parties de leur mouton et quelques-unes les carcasses entières, en raison de leur détérioration de la viande dans un délai de 48 heures. Un problème que d‘ailleurs la Direction des services agricoles de Annaba n'a pu malheureusement déterminer, malgré les nombreuses plaintes des victimes et les laboratoires dont elle dispose. Ces businessmans de "kebch El-Aïd", qui apparaissent uniquement à la veille de la fête de l'Aïd, sont derrière cette cherté. Ces "parasites" sont les intermédiaires entre l'éleveur et le client qui est appelé à sacrifier au rituel de la "dhahia". Généralement, ils ne connaissent de la race ovine que le nom et sont le plus souvent à mille lieues des habitudes et du comportement des bergers et autres vrais maquignons qui vivent par et pour le mouton. L'avènement de l'Aïd El-Kébir est, chaque année, à Annaba, synonyme de fièvre du mouton qu'alimentent des spéculateurs qui s'improvisent "maquignons du vendredi". Dans les marchés aux bestiaux réguliers ou improvisés à la veille de chaque Aïd, ces maquignons du week-end sont presque aussi nombreux que les professionnels et font souvent la loi. Ils sont reconnaissables à leur tenue et à leur comportement. Ce trabendisme occasionnel, limité dans le temps, est presque devenu une pratique courante qui a tendance à se généraliser. Il suffit d'une somme rondelette de quelques dizaines de milliers de dinars, un garage à louer pour accueillir l'une ou les deux douzaines de bêtes, un véhicule pour les transporter et le business est monté. Comment est organisé dans la pratique ce business ? Il y a en fait plusieurs manières, dont deux sont les plus courantes. Il y ainsi ceux, qui, un à deux mois de l'Aïd, font la tournée des régions les plus réputées pour l'élevage ovin. Ils peuvent se rendre jusqu'à Ouled-Djellal. Ils s'approvisionnent aussi et surtout dans la région de Tébessa. Outre la proximité, le mouton de la région de Chréa (Tébessa) est très apprécié par les Annabis. Et il y a ceux qui guettent les camions pleins de bêtes des wilayas environnantes et d'ailleurs qui débarquent à Annaba et sa région les jours précédant l'Aïd. Ils achètent sur pied tout le troupeau. Souvent, les maquignons préfèrent faire affaire de cette manière, quand cela est possible, et éviter tous les aléas du souk des grandes villes. Et dans tout cela, le dindon de la farce demeure le pauvre citoyen, qui sera plumé malgré lui avec "art et doigté". Alors que l'Aïd El-Adha approche à grand pas, le prix du mouton dans les points de vente déjà en activité est loin de la portée de beaucoup de pères de famille. La course au mouton est bel et bien lancée, à Annaba, où le prix du mouton, voire de l'agneau, est souvent hors de portée des petites et moyennes bourses. B. BADIS