C'était déjà dans l'air depuis plusieurs semaines, une perspective qui a tétanisé des cadres à la direction générale de la compagnie. Sitôt dit, sitôt fait. Le président-directeur général de Sonatrach, Abdelmoumène Ould Kaddour, qui évoquait, jeudi dernier, depuis Béjaïa, que l'année 2019 sera pour la compagnie nationale, celle de la mise en œuvre du processus de réformes des ressources humaines et d'adoption d'une stratégie de gestion plus élaborée, n'aura pas attendu cette échéance pour procéder à d'importants changements au sommet de la pyramide du groupe. Selon l'agence de presse Reuter qui cite des sources qui ont requis l'anonymat, Ould Kaddour aurait fait son choix de cabinet, puisque les noms de huit dirigeants de haut rang composant ce dernier, seraient déjà connus. Bien que ces nominations n'aient pas été rendues publiques, la source de Reuter a indiqué qu'elles incluraient des gestionnaires expérimentés, hissés au rang de vice-présidents, tels que Salah Mekmouche pour l'exploration et Arbi bey Slimane pour le transport par pipelines, et autres Farid Ghazali pour la stratégie et Ahmed Mazighi pour les affaires commerciales, considérés par le rédacteur de la dépêche comme les stars montantes de Sonatrach. "Les nominations doivent encore être validées par un décret présidentiel, mais les dirigeants ont déjà entamé leurs missions respectives", a indiqué la même source. Abdelmoumène Ould Kaddour qui n'était pas immédiatement disponible pour commenter ces changements, ne manquera certainement pas, le moment venu, de rappeler son ambition de faire de la compagnie pétrolière nationale, l'un des cinq premiers groupes pétroliers au monde d'ici à 2030. "Nous avons perdu des milliers de personnes expérimentées et talentueuses, principalement parce que nous ne pouvons pas leur offrir des salaires aussi élevés que ceux pratiqués dans le Golfe et dans d'autres pays", avait déclaré Ould Kaddour lors d'une récente interview. Aussi, s'il met en avant la réforme des ressources humaines de Sonatrach comme l'une de ses priorités, il va sans dire que les difficultés de la compagnie, reconnues par son premier responsable lui-même, sont multiples. Et justement, Liberté rendait compte de cette situation qui, de l'aveu d'Ould Kaddour lors de la présentation, jeudi dernier à Béjaïa, de la stratégie de développement de la compagnie à l'horizon 2030 (SH 2030), au siège de l'unité de transport par canalisation de la Société de transport des hydrocarbures (STH). Le premier responsable de Sonatrach avait laissé entendre, en effet, que la compagnie n'était plus qu'une "vieille dame de 55 ans" et "dont l'organisation et le mode de fonctionnement semblent être figés depuis plusieurs années. Elle fait face aujourd'hui à de nombreuses difficultés : des gisements en dépression, des découvertes sont faites, mais elles ne permettent pas de reconstituer totalement les réserves, un environnement difficile et contraignant et des déperditions dans les ressources humaines". Et ce sont autant de défis majeurs que doit surmonter Sonatrach afin de redresser la situation. "Il est ainsi question de rajeunir la société pour qu'elle devienne plus compétitive, plus productive et plus rentable, de limiter les dépenses, de motiver le personnel, notamment ses cadres, et surtout d'augmenter sa production, ses découvertes de gisement et d'optimiser la gestion de ses projets. Il est également prévu une amélioration de la gestion des ressources humaines, un renforcement des capacités HSE (hygiène, sécurité et entretien), une digitalisation du fonctionnement de l'entreprise grâce, notamment, à la mise en place d'un cloud privé, d'un système de e-learning (enseignement à distance électronique) pour permettre à tous les travailleurs de Sonatrach de partager entre eux leur savoir-faire et leurs connaissances, en plus d'autres solutions modernes qui sont de nature à accélérer la prise de décision, à rendre optimale la communication entre différents individus et salariés de l'entreprise et à réduire les coûts de gestion et d'exploitation. Il est aussi attendu que les cadres du groupe pétrolier, ses managers et ses travailleurs soient motivés par des mécanismes de promotion et d'évolution des nouvelles carrières." Kamel Ghimouze