Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes, qui s'est recueilli, hier, devant le mémorial d'Ifri-Ouzellaguen, à l'occasion de la célébration du 62e anniversaire de la tenue du Congrès de la Soummam, n'a soufflé mot sur la prochaine élection présidentielle et encore moins sur le 5e mandat de Bouteflika. Le patron du FLN qui n'a jamais raté une occasion ces derniers mois, pour réitérer son appel solennel au chef de l'Etat, en l'invitant à briguer un 5e mandat présidentiel, a préféré éluder ce sujet fâchant, sachant que cette région de Kabylie demeure hostile au pouvoir en place. "Je ne suis pas venu ici pour faire de la politique. Je suis venu en pèlerinage dans ce haut lieu historique, où fut décidé le destin de la Révolution algérienne. C'est dans cette maisonnette d'Ifri que s'étaient réunis pendant une semaine, en août 1956, les fondateurs de l'Etat algérien, dont Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Amirouche, Zighoud Youcef, Ouamrane... C'est ici que fut rédigée la fameuse Charte de la Soummam qui avait permis de structurer notre glorieuse Révolution, de réorganiser les forces de l'ALN et de jeter les premiers jalons de l'Etat algérien", a déclaré Ould Abbes devant la presse, lorsqu'il a visité la maison qui a abrité le Congrès de la Soummam. Après s'être recueilli devant les stèles en bronze érigées à la mémoire des six héros du Congrès de la Soummam, le SG du FLN déposera avec le maire d'Ouzellaguen une gerbe de fleurs devant le mémorial d'Ifri. Vers 12h, le premier responsable du FLN improvisera une prise de parole sur l'esplanade du musée d'Ifri. Entouré de ses deux mouhafedhs de la wilaya de Béjaïa et de certains membres de son bureau politique, il développera un discours à la carte, en faisant l'éloge des organisateurs du Congrès de la Soummam et de la population de la même région. "Si nos hadjis sont à La Mecque pour accomplir leur devoir, nous, au FLN, nous avons décidé de faire notre pèlerinage en ce lieu historique qui a abrité le premier congrès de notre parti", a-t-il lancé sous les ovations de l'assurance, composée majoritairement de membres de la famille révolutionnaire et de cadres du FLN. M. Ould Abbes enchaînera : "Nous sommes là aussi pour vous transmettre le message personnel du président Bouteflika qui vous présente ses meilleures salutations. Et c'est grâce à lui, je persiste et signe, que bon nombre de martyrs et de moudjahidine ont été réhabilités. C'est le cas des défunts Abane Ramdane, Ahmed Ben Bella, Messali Hadj, colonel Chabani, Krim Belkacem... Nous sommes là pour consolider et encourager la réhabilitation de notre Histoire contemporaine et son écriture d'une façon juste et objective." Reprenant les propos de son mouhafedh d'Akbou, Ould Abbes se félicitera d'être "le premier secrétaire général du FLN à fouler le sol du musée d'Ifri depuis août 1984, date de la venue du défunt président Chadli Bendjedid". Sur sa lancée, il poursuivra : "Nous vous promettons qu'à travers nos ministres, nous allons faire de ce site un véritable sanctuaire historique. En outre, ce musée d'Ifri ne dépendra plus de la direction régionale des musées de Tizi Ouzou. Il aura sa tutelle ici, dans la wilaya de Béjaïa." À noter qu'à l'issue de cette intervention, le secrétaire général de l'ancien parti unique a honoré le neveu d'Abane Ramdane, Ali Abane, en lui décernant un prix symbolique, en guise de reconnaissance au combat de l'architecte du Congrès de la Soummam. Clash entre Ould Abbes et un ancien sénateur FLN de Béjaïa Interdit de prendre la parole lors de cette cérémonie, l'ex-sénateur FLN de la wilaya de Béjaïa, Salah Derradji, a provoqué un clash avec Ould Abbes et le mouhafedh d'Akbou, Saâdi Djerroud. Ces derniers ont tenu, en effet, à ne pas donner la parole à M. Derradji, "afin de ne pas perturber le protocole et chambouler le programme de la visite", ont-ils argumenté. De son côté, l'ancien membre du Sénat dénonce une "manœuvre malsaine" qui consiste en la mise à l'écart de toute compétence qui commence à émerger au sein du parti. "C'est une véritable chasse aux sorcières qu'on mène au niveau de l'encadrement du FLN. On veut se débarrasser de l'élite du parti. Je suis recteur de l'université, et en ma qualité d'ancien sénateur, on m'a interdit de prendre la parole dans ma région. C'est très grave ! On ne pourra jamais aller de l'avant avec de telles méthodes, qu'on pensait révolues !", s'insurge M. Derradji devant un parterre de journalistes. Dans une déclaration à Liberté, l'ancien parlementaire déplore qu'aucun cadre de la wilaya de Béjaïa ne fait partie de la composante du nouveau bureau politique désigné par l'actuel secrétaire général du parti. Selon notre interlocuteur, l'exclusion de toute une région comme Béjaïa, dans l'instance exécutive du FLN, dénote de la volonté de marginaliser les compétences et de verrouiller les structures du parti, en vue d'en faire un appareil entre les mains de certains apparatchiks. KAMAL OUHNIA