D'une maladie mystérieuse au départ au "courage politique" de reconnaître l'existence du choléra en Algérie, en passant par la gastroentérite aiguë et le démenti du choléra, la communication autour du choléra a été sinon désastreuse, en tout cas défaillante. Se targuer de partager cette épidémie avec le Yémen, le Niger et le Tchad est grave pour un pays qui se vantait d'avoir réussi la réforme du secteur de la santé. Au commencement, il y avait des informations sur une mystérieuse maladie qui s'est déclarée dans la wilaya de Blida, où 65 personnes ont dû être hospitalisées, car présentant des symptômes d'une "intoxication alimentaire aiguë". Elles ont été mises en quarantaine afin, dit-on, d'éviter des propagations infectieuses d'"un étrange virus" ayant récemment fait son apparition à l'hôpital de Boufarik (Blida). Impossible d'en savoir plus, les autorités hospitalières qui se sont avérées dépassées par l'ampleur de la propagation de cette mystérieuse maladie se sont murées dans un silence en refusant de s'exprimer sur le sujet. L'eau du robinet évoquée comme source probable de contamination, est une piste vite écartée. "Les échantillons prélevés auprès des malades des wilayas de Bouira et de Blida ont montré que cette épidémie n'était pas due à l'eau du robinet ou à l'eau des puits", a indiqué le directeur des maladies infectieuses au MSRHP, Djamel Fourar. Jusque-là, la maladie porte un nom : gastro-entérite. Le 20 août, lors d'une conférence de presse, le directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie, Zoubir Harat, a démenti la rumeur concernant une possible propagation d'une épidémie de choléra dans la ville de Blida. Mais voilà que jeudi dernier le directeur de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Djamel Fourar, reconnaît qu'il s'agit bien de choléra, annonçant que 41 cas ont été enregistrés sur 88 suspects dans quatre wilayas du pays, à savoir Alger, Blida, Tipasa et Bouira, et étaient des cas "isolés et limités à des familles". Ce qui est troublant dans cette histoire est que les autorités sanitaires ont qualifié la communication, la vraie, autour de la maladie de décision courageuse. Mais, au-delà du "courage" du premier responsable de l'IPA de faire une telle annonce qui met notre pays au même niveau que le Yémen, le Niger et le Tchad, la question se pose de savoir pourquoi avoir attendu plusieurs jours avant d'informer l'opinion publique de l'existence d'une maladie contagieuse ? Le ministère de la Santé a-t-il privilégié la dimension politique ? Les conséquences d'une telle communication désastreuse sont là, puisque la panique a gagné des pans entiers de la population qui s'arrache la moindre bouteille d'eau minérale dans les commerces du coin. A. R. [email protected]