L'Institut Pasteur d'Alger (IPA), qui a communiqué jeudi les résultats des analyses bactériologiques, a confirmé qu'il s'agit bel et bien du choléra. Dans son rapport, le représentant du ministère de la Santé, Djamel Fourar, a indiqué que cette maladie à transmission hydrique (MTH) a pour "foyer souche" la wilaya de Bouira et plus précisément au niveau de la commune de Raouraoua (sud de Bouira) et que la contagion s'est propagée à cause du lien de parenté entre les familles de Bouira et ceux d'Alger. Selon ce dernier, la wilaya de Bouira compte six cas confirmés de choléra, dont trois ont été soignés et ont pu rejoindre leur domicile. À Bouira, depuis l'annonce de cette épidémie, un réel vent de panique s'est emparé de la population. Même si les services du ministère de la Santé ont exclu toute contamination par l'eau du robinet, les citoyens se sont littéralement rués vers les magasins d'alimentation générale pour s'approvisionner en eau minérale. Le rayon eau minérale de l'hypermarché de la ville a été carrément dévalisé, a-t-on constaté hier. La radio locale passait en boucle les messages de prévention, incitant les citoyens à faire preuve de vigilance en adoptant les règles d'hygiène de base, consistant essentiellement à se laver les mains avec du savon, ne pas mélanger les aliments cuits et crus et les conserver à une température adéquate, tout en contrôlant leur date de péremption, veiller à organiser et à garder les puits fermés et ne pas jeter les ordures à proximité de ces derniers, boire une eau contrôlée ou veiller à la faire bouillir en ajoutant quelques gouttes de Javel en cas de stockage. Mais ce qui a fait réagir le plus l'opinion publique locale est le fait que les autorités sanitaires ont annoncé que cette maladie aurait pour origine l'insalubrité ambiante. "Il est tout à fait normal que ce type de maladie se propage ! Nous vivons dans une décharge à ciel ouvert", se sont indignés nombre de citoyens. Il est vrai que dans la wilaya de Bouira, "épicentre" de cette épidémie, les risques de MTH ont été à maintes reprises dénoncés par les citoyens ainsi que les élus, mais aucune avancée notable n'a été enregistrée ces dernières années. Plusieurs oueds et autres cours d'eau sont pollués par les eaux usées, comme c'est le cas au niveau de l'oued Djenan à Dirah, ou encore l'oued Tighzert, dans la commune de Bechloul, qui est pollué par les déchets toxiques. Pis encore, certains agriculteurs peu scrupuleux utilisent des eaux polluées pour irriguer leurs cultures. De leur côté, les autorités sanitaires locales véhiculent le même message que celui de la tutelle, en annonçant que la situation est maîtrisée. "Depuis le 16 août dernier, aucun cas de choléra n'a été enregistré. Nous avons seulement des cas d'intoxication alimentaire basique", affirment les services de la Direction de la santé locale. RAMDANE BOURAHLA