Plus de deux millions de Palestiniens de la bande de Ghaza vivent, en ce début d'année 2018, une situation dramatique à tous les niveaux à cause du blocus inhumain israélien, sous un «silence complice et total» d'une communauté internationale. «C'est très difficile de décrire cette situation qui est devenue chaotique pour toute une population. L'ensemble de la société civile a tiré la sonnette d'alarme en avertissant que la bande de Ghaza est au bord d'un effondrement complet", rapporte la presse palestinienne samedi citant des habitants de cette enclave sous blocus israélien qui disent assister à une "détérioration des conditions économiques, sociales et sanitaires dans cette prison à ciel ouvert». Le blocus israélien inhumain est toujours maintenu, avec ses conséquences graves sur la vie quotidienne dans cette région oubliée de la communauté internationale, raconte un habitant, qui indique que «la situation empire et rien ne bouge». Pour plus de deux millions d'habitants toujours enfermés, la situation reste très grave à tous les niveaux, surtout sur le plan humanitaire. Et l'autorité palestinienne verse seulement 30 % des salaires aux 70 000 fonctionnaires de Ghaza. Mardi dernier, l'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient Nickolay Mladenov a prévenu que la bande de Ghaza sous blocus israélien était au bord «d'un effondrement total». «Je dis souvent publiquement, lors de réunions du Conseil de sécurité et dans d'autres cadres, que nous nous trouvons au milieu d'une crise humanitaire majeure», a dit M. Mladenov. «Que les choses soient claires aujourd'hui, nous sommes bien au-delà». L'agence des Nations-Unies chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) ne parvient pas de son côté à payer ni ses fonctionnaires, ni continuer à s'engager de s'occuper de 65% de la population de Ghaza. Suite à la réduction des aides américaines en premier lieu, après les menaces du président Trump contre les Palestiniens. Beaucoup d'associations humanitaires ont fermé leurs portes, faute de manque de financement interne et externe et les rues commerçantes sont vides et le pouvoir d'achat est en chute permanente. Beaucoup de magasins ont annoncé leur faillite totale, selon les médias locaux. Plus de 85% de la population de Ghaza vit en dessous du seuil de pauvreté Sur le plan économique, la situation ne cesse de s'aggraver avec les conséquences dramatiques du blocus de l'occupant israélien qui ont causé l'augmentation du chômage et du niveau de pauvreté. En janvier 2018, le taux de chômage dépasse les 73% de la population civile, a-t-on précisé, et plus de 85% de la population de Ghaza vit en dessous du seuil de pauvreté. L'augmentation du nombre de personnes qui dépendent des organisations humanitaires sont de 90% des Palestiniens de Ghaza. Ils vivent sur des aides alimentaires. Selon les sources de l'UNRWA, dans la bande de Ghaza, plus de 1 600 000 personnes ont bénéficié du programme de l'aide alimentaire géré par le bureau en janvier 2018, ce programme a élargi ses services pour cibler les citoyens et non seulement les réfugiés. «Une situation jamais vue dans cette région en souffrance permanente", indique un responsable locale, soutenant que "devant cette situation catastrophique, nous assistons à un silence complice et total de la part d'une communauté internationale officielle». «La population civile se bat quotidiennement pour survivre digne sur sa terre», a-t-il ajouté. «Ils attendent une réelle réaction internationale qui mette fin à l'impunité de cet occupant. Ils attendent avec un courage à toute épreuve, une sérénité exemplaire, une patience extraordinaire et une volonté remarquable», a-t-il souligné. Mohamed Assaf : «nous ne renoncerons pas aux frontières de 1967» Le ministre palestinien de l'Information, Mohamed Assaf a affirmé, vendredi à Alger, que l'autorité palestinienne ne renoncera pas aux frontières de 1967, indiquant que les Etats Unis n'auront, à l'avenir, aucun rôle dans le processus de paix en dehors d'un mécanisme international multilatéral sous l'égide de l'ONU. Lors d'une conférence de presse animée au siège de l'ambassade de Palestine à Alger, M. Assaf a déclaré que les Etats Unies adoptent, au quotidien, une nouvelle position, soulignant que ces positions ont pour véritable objectif d'exercer une pression sur l'autorité palestinienne et tenter de provoquer le peuple palestinien pour l'amener à renoncer à sa cause. «Nous refusons toute pression. Si Washington cherche des concessions à travers cette démarche, elle échouera comme ce fut le cas par le passé, car nous ne renoncerons pas à l'instauration d'un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec pour capitale El-Qods Est», a-t-il martelé. La décision du président américain Donald Trump de proclamer El Qods capitale d'Israël est «une tentative visant à saper la cause palestinienne, à faire sortir El Qods du cercle du conflit et à expulser les Palestiniens de cette ville Sainte», a-t-il soutenu, soulignant que cette décision «est rejetée et que le président américain doit la revoir». «L'administration américaine est responsable de l'échec des pourparlers de paix, vu son parti pris pour Israël», a déclaré le ministre palestinien, ajoutant qu' «elle n'aura, à l'avenir, aucun rôle dans le processus de paix en dehors d'un mécanisme international multilatéral sous l'égide de l'ONU». M. Assaf, qui considère que le dossier de la réconciliation palestinienne permettra de conforter l'unité nationale, appelle le mouvement Hamas à «faire prévaloir l'intérêt suprême du pays» à la lumière des derniers développements de la situation concernant El Qods. Le ministre palestinien a également évoqué la stratégie de son pays pour la prochaine étape visant notamment à «renforcer la résilience palestinienne, activer la résistance et à réaliser la réconciliation nationale sur tous les plans». Il a indiqué, à ce propos, que les visites effectuées par le Président palestinien, Mahmoud Abbas, en Chine et à Bruxelles et celles qui le conduiront en Russie et dans d'autres pays outre la demande de la qualité de membre à part entière au sein de l'ONU et de membre au sein d'organisations internationales ainsi que la demande de reconnaissance internationale de l'Etat de Palestine, sont autant de démarches qui s'inscrivent dans le cadre de la mobilisation du soutien international au rejet de la décision américaine concernant El-Qods et pour l'établissement d'un Etat palestinien indépendant selon les frontières de 1967. M. Assaf a salué, en outre, la position internationale «honorable» rejetant la décision américaine concernant El-Qods. Le ministre palestinien avait tenu ces déclarations lors d'une conférence de presse à l'issue de sa visite en Algérie à l'invitation du ministre de la Communication, Djamel Kaouane, dans le cadre du renforcement de la coopération entre les deux pays dans le domaine de l'information. Plusieurs accords de coopération ont été signés au terme de cette visite que le responsable palestinien a qualifiée de «réussie». Des accords bilatéraux ont été signés entre les deux ministères, les télévisions nationales des deux pays, la Radio algérienne et son homologue palestinienne et entre l'Agence d'informations nationale Algérie-presse-service (APS) et l'Agence de presse palestinienne (WAFA), des accords, a-t-il soutenu, qui consacrent la relation historique entre les deux pays. Le ministre palestinien a affirmé que la priorité sera accordée aux Algériens pour l'obtention d'informations à partir des territoires palestiniens occupés, précisant que ce sont les médias qui dévoilent les violations israéliennes contre le peuple palestinien, c'est pourquoi l'occupant israélien cible les journalistes palestiniens pour les empêcher de dénoncer sa politique hostile. M. Assaf a salué les médias algériens et leurs efforts pour le triomphe de la cause palestinienne, une démarche qui traduit, a-t-il dit, «le soutien du gouvernement et du peuple algériens à la Palestine». Il a enfin dénoncé la position «sévère» de certains médias arabes à l'égard de la cause palestinienne, qui tend à «affaiblir l'unité arabe». Palestine/Gel de l'aide américaine : le chef de l'UNRWA dénonce une décision «politique» Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a soutenu mardi que le gel de l'aide américaine à l'organisation onusienne revêtait un caractère «politique» et a lancé un appel d'urgence de 800 millions de dollars (646 millions d'euros). «Il est très clair que la décision des Etats-Unis n'est pas liée à notre performance», a déclaré à Genève Pierre Krahenbuhl, lors de la présentation de l'appel de fonds devant les médias. «Il n'y a aucun doute que si aucune solution n'est trouvée au déficit (...), il y aura une instabilité accrue» dans la région, a-t-il mis en garde. Dans un contexte de vives tensions américano-palestiniennes, l'administration Trump a annoncé en janvier suspendre le versement de plusieurs paiements abaissant la contribution américaine à 60 millions de dollars contre 360 prévus initialement, selon M. Krahenbuhl. «J'ai eu des entretiens (aux Etats-Unis) en novembre de l'année passée, y compris avec Jared Kurschner», le gendre et proche conseiller de Donald Trump, et «les dynamiques étaient positives», «il y avait une détermination de soutenir» l'organisation onusienne, a expliqué le chef de l'UNRWA. «La seule chose qui est intervenue depuis, c'est tout le débat autour» d'El-Qods, a-t-il fait valoir, en référence au vote en décembre de l'Assemblée générale de l'ONU condamnant la décision de Donald Trump de reconnaitre El-Qods comme capitale d'Israël. «En ce sens», la décision américaine a «un caractère politique», a-t-il assuré. Financée par des contributions volontaires des Etats membres de l'ONU, l'UNRWA est un acteur primordial dans la bande de Ghaza, où plus des deux tiers de la population dépendent de l'assistance étrangère. M. Krahenbuhl a expliqué que plusieurs pays, comme la Belgique, le Koweït, les Pays-Bas et l'Irlande, avaient d'ores et déjà indiqué qu'ils allaient payer plus tôt que prévu leurs promesses de dons afin d'aider l'UNRWA. D'autres pays seraient prêts à s'engager davantage, a-t-il dit, mais il a estimé qu'il fallait créer une «véritable alliance pour combler» le «trou» créé par le gel de l'aide des Etats-Unis, jusqu'à présent principal contributeur de ce fonds. «D'un point de vue financier, c'est la pire crise» de notre histoire, a-t-il conclu. Sur les 800 millions de dollars demandés par l'agence de l'ONU pour 2018, près de la moitié permettront d'aider les Palestiniens dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie. L'autre moitié est destinée à aider les réfugiés palestiniens en Syrie.