La généralisation de l'enseignement préscolaire n'est pas près de connaître sa matérialisation effective. Une généralisation à toutes les écoles publiques dans toutes les wilayas du pays maintes fois annoncée par la tutelle de Nouria Benghabrit, elle-même promotrice de l'idée instaurant l'année préparatoire pour le cycle primaire, bien avant qu'elle soit ministre de l'Education nationale. Chaque année, les mêmes motifs sont reconduits par les responsables du secteur pour expliciter l'impossibilité pour les écoles publiques de répondre à toutes les demandes d'inscription en préscolaire pour les enfants qui y ouvrent droit. Si ce n'est pas la saturation dès le premier jour de l'ouverture des inscriptions, le manque criant en salles pouvant accueillir des classes de préscolaire est avancé par les chefs d'établissement dans la majorité des agglomérations du pays. À Constantine, c'est le même refrain qui revient chaque année, à la veille de la rentrée scolaire. En effet, inscrire son enfant en préscolaire dans un établissement public relève du parcours du combattant. À Boudraâ-Saleh par exemple,où il n'existe pas de classes de préscolaire dans les 5 écoles primaires de ce quartier populaire situé à quelques encablures du centre-ville, les parents sont contraints de se rabattre sur les crèches, les mosquées, voire inscrire leurs enfants dans des écoles lointaines et/ou privées. Une parade peu évidente pour les parents : "J'avais le même problème l'année passée, je n'ai pas trouvé où inscrire mon enfant aîné, j'ai été obligé de le ramener quotidiennement chez mes parents alors qu'il devait être en préscolaire, et là je fais encore face au même problème avec mon jeune enfant, je ne peux pas l'inscrire dans une école loin de la maison", nous dit Karim, père de deux enfants. "Cela fait plusieurs années que ce problème se pose dans ce quartier pour tous les parents qui n'ont pas les moyens de mettre leurs enfants âgés de 5 ans dans des crèches. Les responsables doivent penser aux familles modestes et trouver des solutions. Il y a 5 écoles primaires dans notre quartier mais aucune d'elles n'a ouvert de classe de préscolaire", s'indigne Mouloud, ouvrier et père de 3 filles. "Obligatoire" (!) depuis plus de 10 ans, le préscolaire ne profite toujours pas à tous les enfants de cette ville. Pour Baâziz Azeddine, secrétaire général de la Direction de l'éducation de la wilaya de Constantine, le manque de classes de préscolaire dans plusieurs infrastructures est dû seulement au nombre insuffisant de salles. "Pour la rentrée scolaire prévue dans moins de 10 jours, le nombre d'enfants qui bénéficieront d'une éducation préparatoire dans la wilaya de Constantine est estimé à 6 858 élèves répartis sur 322 classes", avance le même responsable. La wilaya de Constantine qui compte 400 écoles primaires environ, ne trouve toujours pas de solutions pour généraliser l'enseignement préparatoire dans le cycle primaire et fait plutôt face au problème de surcharge des classes et la préscolarisation qui profite aux uns est perçue comme une injustice par d'autres. Pourtant, la loi n°08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d'orientation sur l'éducation nationale consacre, à travers les articles 10, 11, 12, 13 et 14, la garantie du droit à l'enseignement. Elle stipule dans ses articles 10 et 11 que l'Etat garantit le droit à l'enseignement à toute Algérienne et tout Algérien sans discrimination fondée sur le sexe, l'origine sociale ou l'origine géographique et que le droit à l'enseignement est concrétisé par la généralisation de l'enseignement fondamental et par la garantie de l'égalité des chances en matière de conditions de scolarisation et de poursuite des études après l'enseignement fondamental. Ines Boukhalfa