Le ministre du Travail a expliqué que si rien n'est fait pour rééquilibrer la situation financière de la Caisse de retraite, son déficit atteindra plus de 1 000 milliards de dinars en 2030. Le déficit abyssal dans lequel se débat la Caisse nationale de retraite a été au centre de la visite effectuée jeudi par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès. Le ministre a révélé, au cours du point de presse tenu au siège de la wilaya, que le déficit en question atteindra les 580 milliards de dinars à fin 2018 et plus de 1 000 milliards de dinars en 2030. "Actuellement, en raison d'un tiers de travailleurs qui sont sortis à la retraite avant l'âge de 60 ans, cette perte est de l'ordre de 550 milliards de dinars. Cela a causé une baisse des cotisations et une augmentation des dépenses. D'ici à la fin de l'année en cours, le déficit atteindra les 580 milliards de dinars et à plus de 1 000 milliards de dinars en 2030", a-t-il affirmé. À ce propos, il a souligné, à titre d'exemple, que dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès, il y a 76 000 travailleurs, soit 51% des travailleurs dont l'âge se situe entre 52 et 53 ans qui ont bénéficié de la retraite anticipée et proportionnelle. Ce qui explique, selon lui, que "les paramètres de calcul de la pension actuellement en vigueur, n'arrangent pas l'équilibre financier du système de retraite, auquel s'ajoutent le cas des non-affiliés, l'informel, la non-déclaration et dans l'immédiat, il est impossible de réduire ce déficit". En réponse à une question de Liberté au sujet de la titularisation des jeunes ayant bénéficié du dispositif Diap dans l'administration publique, M. Zemali a indiqué qu'elle ne relève pas de son département, qui, selon lui, n'est qu'un intermédiaire. "Dans le secteur économique, tout se déroule normalement. En revanche, dans le secteur administratif tout est régi par le statut général de la Fonction publique, notamment le recrutement par voie de concours et ce qui complique la procédure de confirmation de cette catégorie de jeunes en pré-emploi. D'ailleurs, c'est pour cela qu'on a réduit le nombre de placements dans l'administration publique, jusqu'à ce que ces travailleurs en situation d'emploi temporaire soient titularisés", a-t-il expliqué. Quant à la contractualisation des soins entre l'hôpital et les cliniques privées prestataires et les caisses de sécurité sociale, il a signalé qu'il sera procédé à la quantification de l'acte de soins "pour permettre à la Cnas de rembourser les frais exacts". Abordant la question des congés de maladie, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a estimé qu'il y a de l'abus dans la délivrance des congés de maladie. "Il faut alerter l'ordre des médecins et passer à la sanction car la loi est claire là-dessus. Ce n'est pas normal et comme vous le savez, on a plus de 14 millions de journées indemnisées par la Cnas, soit des milliards de dinars et là, le citoyen est responsable. Idem pour la fraude et l'abus d'utilisation de la carte Chifa". Et d'ajouter : "En ce sens, il faut intensifier le contrôle, le suivi administratif et l'application de la réglementation. Il faut que le citoyen sache que ces pratiques individuelles et illégales vont se transformer en un fleuve qui va mettre en péril le système de la sécurité sociale et ce sont les citoyens qui, en fin de compte, en subiront toutes les conséquences. Aussi, pour lutter contre l'informel, la carte Chifa sera exigée au niveau des hôpitaux." Par ailleurs, Mourad Zemali qui a eu à s'enquérir lors de cette visite de travail et d'inspection dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès, de l'état d'avancement des projets en cours de réalisation, notamment le chantier du nouveau centre régional de l'Office national d'appareillage et accessoires pour personnes handicapées (Onaaph), où il a constaté un retard par rapport aux engagements déjà pris par l'entreprise de réalisation, a instruit cette dernière pour l'accélération de la cadence des travaux. "Il faut que vous sachiez que ce projet est régional et il a une dimension humaine car il est destiné aux personnes aux besoins spécifiques. Il faut qu'il soit livré d'ici au mois de décembre prochain. Une fois opérationnelle, cette unité produira les appareils orthopédiques, les poches pour les personnes stomisées et les prothèses auditives", a-t-il rappelé. A. BOUSMAHA