Si la tendance se maintient, elle devrait accroître les difficultés du pays à remplir ses promesses vis-à-vis de ses clients étrangers, dont l'Espagne et l'Italie. Le ministère de l'Energie vient de confirmer le coup de frein qu'a connu la production d'hydrocarbures au premier trimestre de l'année. Alors que la croissance du secteur pétrolier et gazier était négative au premier trimestre 2018 (-2% selon l'Office national des statistiques), le bilan du ministère de l'Energie pour la même période fait ressortir une baisse de la production d'hydrocarbures, un recul des volumes exportés, mais surtout une hausse nette de la consommation d'énergie, tirée essentiellement par la consommation du gaz naturel. Les chiffres communiqués par le ministère de l'Energie remettent au goût du jour les principaux paramètres de vulnérabilité de l'Algérie, correspondant essentiellement au taux de croissance de sa consommation énergétique par rapport à celui de ses réserves et sa capacité de production à long terme. La production commerciale primaire d'hydrocarbures a atteint 44,3 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) à fin mars 2018, contre 44,7 M TEP durant la même période de 2017, marquant ainsi une légère baisse de -0,9%. La production de pétrole et de condensat a connu une baisse de -4,1% (14,2 M TEP), le gaz de pétrole liquéfié (GPL) de 3,9% (2 M TEP), tandis que la production commerciale primaire de gaz naturel a, en revanche, progressé de +1,4% (27,7 milliards de m3). L'examen des différents agrégats indique que la baisse de la production a été tirée par celle des produits liquides, mais a été atténuée par la hausse de la production de gaz naturel. La même tendance est perceptible sur la courbe des exportations d'hydrocarbures, dont le volume global s'est contracté de -2,8% (27,7 millions de TEP). Les exportations de condensat et du gaz naturel ont, toutefois, connu un mouvement haussier au premier trimestre de l'année, marquant des augmentations respectivement de +17,7% et de 1,2%. Les quantités exportées de pétrole brut se sont contractées, elles, de -8,9% de janvier à mars 2018. La consommation d'énergie ne connaît, quant à elle, aucun signe d'essoufflement, progressant de 7,1% au premier trimestre de l'année, à 16,7 millions de tonnes équivalent pétrole. Cette progression s'explique essentiellement par une hausse de +9,9% de la consommation interne de gaz naturel qui a effacé une partie des performances au plan des échanges internationaux. La consommation des centrales électriques a augmenté également, puisque la consommation d'électricité a évolué de 5% durant les trois premiers mois de l'année. Globalement, la consommation nationale de gaz naturel a atteint 12,8 milliards de m3 à fin mars 2018 (+9,9%), à la faveur de la hausse des prélèvements de Sonelgaz (+8,3), avec une hausse de la consommation des centrales électriques (+5,6%) et de celle des ventes aux clients de Sonelgaz, notamment de la basse pression (+11,1), lit-on dans le bilan du secteur de l'énergie à fin mars 2018. Sur toute l'année 2019, les précédentes prévisions de consommation de gaz naturel tablent sur un volume de 42 à 55 milliards de m3. Sur le moyen et le long terme, des études effectuées par le groupe Sonelgaz font état d'une consommation qui avoisinerait les 47 milliards de m3 en 2023 et 75 milliards de m3 en 2030. Si ces projections de consommation interne venaient à se concrétiser dans les années à venir, elles devraient accroître les difficultés du pays à remplir ses promesses vis-à-vis de ses clients étrangers, dont l'Espagne et l'Italie, deux pays avec lesquels Sonatrach venait de renégocier ses contrats gaziers. La contraction des volumes d'hydrocarbures produits durant les trois premiers mois de 2018 serait liée, en partie, à la baisse des montants d'investissement mobilisés par le secteur. Les budgets injectés au titre du premier trimestre se chiffraient à 269 milliards de dinars, ce qu'équivaudrait à 2,4 milliards de dollars, en baisse de 9,9% par rapport au premier trimestre 2017, lit-on également dans le bilan trimestriel du ministère de l'Energie. Ali Titouche