Les patients font souvent plusieurs allers-retours entre les pharmaciens et le médecin traitant afin de remplacer des médicaments introuvables sur le marché. Au moment où les officiels assurent que le problème de pénurie des médicaments est pris en charge par le secteur de la santé, les pharmaciens, les médecins, les associations de malades, à Jijel, ne cessent de se plaindre du manque flagrant de médicaments. En effet, certains praticiens avec qui nous nous sommes entretenus ont affirmé qu'un nombre important de médicaments demeure introuvable dans les pharmacies de la wilaya. "Les ruptures de médicaments ont accentué la souffrance des patients qui font la tournée des pharmacies pour revenir bredouilles", confie un médecin généraliste. Selon notre interlocuteur, les patients font souvent plusieurs allers-retours entre les pharmaciens et le médecin traitant afin de remplacer les médicaments introuvables sur le marché. Les malades, qui sont déjà victimes de leur état de santé, sont contraints de se diriger vers l'unique pharmacie qui importe des médicaments directement de France. "Quand on est au courant de l'indisponibilité d'un médicament, on oriente nos patients vers cette officine. Mais ça reste le dernier recours, puisque les prix sont inabordables et le malade n'est pas remboursé", a-t-on expliqué. Pour les pharmaciens, l'anarchie qui touche le marché des médicaments représente une véritable menace pour les personnes atteintes de différentes pathologies. "Nous avons des dizaines de médicaments qui ont disparu du marché des produits pharmaceutiques, tandis que d'autres ont été remplacés par des génériques que les malades refusent de consommer", dira un pharmacien de la ville. Un autre exerçant au Camp-Chevalier n'a pas caché son inquiétude et sa déception quant à cette situation qui, selon lui, a touché même les pharmacies des hôpitaux de la wilaya. "Nous recevons des dizaines d'ordonnances portant des noms de médicaments introuvables sur le marché. Des produits souvent indispensables pour apaiser les maux et soulager le malade, tels que la Ventoline qui est très demandée par les asthmatiques, les psychotropes, les antibiotiques injectables pour adultes et enfants et les médicaments pour le traitement des hémorroïdes, pour ne citer que ceux-là", dira notre interlocuteur. Par ailleurs, les professionnels de la santé ont avoué ne pas avoir d'explication à cette pénurie qui a lourdement pénalisé les malades et leurs familles. "Personne ne peut vous donner la cause du problème, mais ce qui est certain, c'est que le secteur de la santé à Jijel ne cesse de se dégrader", a-t-on confié. En effet, même si la sonnette d'alarme a été tirée à maintes reprises par la population, aucune amélioration n'a été observée depuis quelques années, hormis la réouverture de quelques salles de soins abandonnées durant la décennie noire. RAYAN MOUSSAOUI