Résumé : Fettouma tente par tous les moyens de veiller au confort de son amie. Cette dernière avait meublé ses deux chambres avec beaucoup de goût, mais regrettait de ne pas avoir récupéré quelques souvenirs de ses défunts parents. Cependant, le hasard fait toujours bien les choses. Elles rirent. -Oui, le hasard fait bien les choses. Fettouma semblait réellement heureuse d'avoir enfin quelqu'un à qui se confier de temps à autre. Nacéra avait fini par faire connaissance avec les enfants de Mahmoud et leur avait longuement parlé de leur père. Rachid venait souvent lui rendre visite, et Nacer, qui rentrait le temps d'un éclair entre deux missions, lui posait souvent des questions sur la guerre et lui demandait ses impressions sur l'avenir de la nation. Nacéra était charmée. Elle avait retrouvé enfin la chaleur d'une famille, et Fettouma veillait elle-même à son confort. De temps à autre, la jeune femme recevait la visite de sa sœur aînée Khedaoudj. Cette dernière qui avait tout de suite apprécié Fettouma lui avoua qu'elle avait redouté que Nacéra n'aille s'installer ailleurs, dans un village lointain ou perdu dans la montagne. C'est que cette "revenante" semblait parfois mélancolique. Elle repensait à ses compagnons d'armes et parlait des disparus avec une telle passion qu'on la trouvait parfois excentrique. Fettouma rassura la bonne femme. Nacéra restera chez elle. Elle n'ira nulle part. Elle se promet même au fond d'elle-même de faire le nécessaire plus tard pour l'ajouter au testament familial. Oui. Elle va lui léguer les deux pièces qu'elle occupait au rez-de-chaussée. Les enfants et même Malika sa belle-sœur avaient apprécié son geste et donné leur accord. Khedaoudj repartit rassurée. Parfois, elle envoyait ses deux filles pour aider leur tante dans quelques travaux ménagers. Mais Nacéra aimait ses nièces plutôt pour leur présence auprès d'elle que pour autre chose. Elle affectionnait particulièrement Naïma, l'aînée, qui allait sur ses 25 ans, et venait d'obtenir une licence en interprétariat. Nacéra espérait la voir mariée et heureuse chez elle. La jeune femme repensait souvent à Mahmoud et à l'amour qu'il avait porté à sa femme sa vie durant. Secrètement, elle était tombée amoureuse de lui. Ils s'étaient connus au maquis, et le jeune homme ne cessait de lui parler chaque jour de Fettouma et de leurs enfants. Il était un mari et un père exemplaire. Lorsqu'il avait reçu des projectiles dans ses poumons, elle avait tout tenté pour le sauver. Hélas ! Ses blessures étaient profondes et, par manque de moyens, on ne pouvait plus rien pour lui. Il était mort dans ses bras et elle l'avait serré contre elle un long moment, en versant toutes les larmes de son corps. C'est elle-même qui avait tenu à ce qu'on l'enterre sous cet olivier centenaire. La fosse existait déjà, car deux autres compagnons avaient été mis en terre la veille. Sur son insistance, on a dû encore creuser la terre au même endroit et mettre le corps de Mahmoud à l'abri des animaux. Elle y repensait souvent et s'était rendue des années plus tard à cet endroit. Elle avait repéré la fosse commune et s'était promis de faire le nécessaire pour transférer les corps de ces chouhada et leur donner une sépulture digne d'eux. (À SUIVRE) Y. H.