Résumé : Fettouma tente par tous les moyens de veiller au confort de son amie. Cette dernière avait meublé ses deux chambres avec beaucoup de goût, mais regrettait de ne pas avoir récupéré quelques souvenirs de ses défunts parents. Cependant le hasard fait toujours bien les choses. 85eme partie Elles rirent : - Oui, le hasard fait bien les choses. Fettouma semblait réellement heureuse d'avoir enfin quelqu'un à qui se confier de temps à autre. Nacéra avait fini par faire connaissance avec les enfants de Mahmoud, et leur avait longuement parlé de leur père. Rachid venait souvent lui rendre visite et Nacer qui rentrait le temps d'un éclair, entre deux missions, lui posait parfois des questions sur la guerre et lui demandait ses impressions sur l'avenir de la nation. Nacéra était charmée. Elle avait retrouvé enfin la chaleur d'une famille, et Fettouma veillait elle-même à son confort. De temps à autre, Nacéra recevait la visite de sa sœur aînée Khedaoudj. Cette dernière avait tout de suite apprécié Fettouma et avoué à cette dernière qu'elle avait craint que Nacéra n'aille s'installer ailleurs, dans un village lointain ou perdu dans la montagne. C'est que cette “revenante” semblait parfois mélancolique. Elle repensait à ses compagnons d'armes, et parlait des disparus avec une telle passion, qu'on la trouvait parfois excentrique. Fettouma rassura la bonne femme. Nacéra restera chez elle. Elle n'ira nulle part. Elle se promet même au fond d'elle-même de faire le nécessaire plus tard pour l'ajouter au testament familial. Oui, elle va lui léguer les deux pièces. Les enfants et même Malika sa belle-sœur avaient apprécié son geste, et donné leur accord. Khedaoudj repartit rassurée. Parfois, elle envoyait ses deux filles pour aider leur tante dans quelques travaux ménagers. Mais Nacéra aimait ses nièces plutôt pour leur présence auprès d'elle que pour autre chose. Elle affectionnait particulièrement Naïma l'aînée, qui allait sur ses 25 ans, et venait d'obtenir une licence en interprétariat. Elle souhaitait la voir mariée et chez elle. Elle ne devrait pas rater sa vie elle aussi. Nacéra repense à Mahmoud et à l'amour qu'il avait porté à sa femme. Secrètement, elle était tombée amoureuse de lui. Ils s'étaient connus au maquis, et Mahmoud ne cessait de lui parler chaque jour de Fettouma et de ses enfants. C'était un homme et un mari exemplaire. Lorsqu'il avait reçu des projectiles dans ses poumons, elle avait tout tenté pour le sauver, mais par manque de moyens, le corps de Mahmoud n'avait pu résister. Il était mort dans ses bras, et elle l'avait serré contre elle un long moment, en versant toutes les larmes de son corps. C'est elle-même qui avait tenu à ce qu'on l'enterre sous cet olivier centenaire. La fosse existait déjà, car deux autres compagnons avaient été mis en terre, la veille. Sur son insistance, on a dû encore creuser la terre au même endroit, et mettre le corps de Mahmoud à l'abri des animaux. Elle y repensait souvent. Elle s'était rendue des années plus tard à cet endroit. Elle avait repéré la fosse commune, et s'était promis de faire le nécessaire pour transférer les corps de ces malheureux et leur donner une sépulture. (À suivre) Y. H.