Depuis 1981, la journée du 21 septembre est déclarée "Journée internationale de la paix", par l'Organisation des Nations unies (ONU) qui exhorte tous les pays à cesser les hostilités — au moins pendant cette journée — et à organiser tout autour et partout dans le monde des activités d'information et de sensibilisation destinées au public sur des sujets liés à la paix et à la non violence. Cette année, à Paris, à l'auditorium de la Maison de l'Unesco, et en marge de cette célébration, coïncidant avec la fête nationale du royaume de l'Arabie Saoudite, son ambassade a organisé le 26 septembre un somptueux concert animé par le grand luthiste Nasseer Shamma – artiste de l'Unesco pour la paix- accompagné de son groupe, qui a vu la présence de nombreuses délégations officielles et surtout d'un public ravi et enthousiaste, venu se délecter d'un programme musical de qualité, mais surtout un rendez-vous prétexte à véhiculer un message de paix et à transmettre une culture du développement durable, devenu aussi le but et la mission de l'Unesco en ces temps durs où le réchauffement climatique fait des ravages et où notre environnement se voit menacé. L'art peut donc, et efficacement, servir d'agitateur de conscience et de sonnette d'alarme. Ainsi, Nasseer Shamma, le virtuose musicien natif d'El-Koute en Iraq, nommé artiste de l'Unesco pour la paix le 23 février 2017, depuis toujours sensible à la situation de violence dans le monde qu'il déplore et qu'il combat à chacune de ses prestations, n'a pas failli à ses engagements humanitaires ni manqué l'appel de sa terre, cette fois encore, en donnant à voir aux présents, avant sa musique, un petit documentaire de 8mn dans lequel il décrit la gravité de la situation, pour ne pas dire la mort chronométrée d'une parcelle de sa chère patrie natale, la région de "El-Ahwar" où sévit une sécheresse ravageuse qui la détruit graduellement, au risque de la faire disparaitre entièrement et sous peu, y compris faune, flore et humains, et qui a besoin d'un sursaut d'humanité et d'une aide urgente pour survivre. Puis, le son mélancolique du oud a pris le relais pour dire d'abord Bonjour à Baghdad "Taba sabahouki Baghdad", puis prendre la route "Ettarik ila Chakla", pour ensuite savourer une belle mélodie des maqamat d'Iraq avec la somptueuse voix de Anouar qui a fait vibrer la salle d'émotion. S'en suivit Rihlat el arwah où l'âme a voyagé aux sons du oud et des autres instruments du groupe qui ont joué également de belles notes du terroir irakien, du Sud — un clin d'œil à la région sinistrée pour sensibiliser —, un air de zorna qui rappelle un peu notre Boualem Titiche national, un hymne à l'espoir, puis un autre maqam, très utilisé dans la musique en Irak, maqam el Ajam — le majeur —, avec la somptueuse voix du chanteur qui interpréta le célèbre poème de Bachar ibn Badr El outhoun taachakou kabla el ayni ahyanou (L'oreille (l'ouie) tombe parfois amoureuse avant l'œil (la vue) ; une autre manière aussi de dire que la musique adoucit les mœurs. Le bouquet final de la soirée fut le sublime morceau de Ishrak qui a transporté la salle vers un crépuscule nouveau, une ère tant espérée où la beauté fera loi et où la paix règnera… S. B.-O.