Tous les éléments d'une soirée mémorable étaient réunis, samedi dernier, au théâtre régional de Constantine : un maestro incontesté dans le monde arabe, un orchestre de grande valeur, un opéra à la hauteur du spectacle et un public religieux. Leilat El Ishq El Ilahi (la nuit de l'adoration divine), est à classer parmi les plus belles prestations artistiques données au TRC en 2007. Préparé durant un mois, en coordination avec l'association Beït El Oud et les élèves de Nasseer Shamma à Constantine, le concert est l'une des meilleures initiatives du comité culturel de la ville de Constantine. Sur scène, l'ensemble de musique de chambre égyptien Ouyoune, composé de 10 musiciens, réunis en 1998 sous la houlette de Nasseer Shamma, n'a pas laissé indifférente une assistance restée branchée jusqu'à une heure tardive de la nuit. Le programme de haute facture, présenté pour la première fois en Algérie, demeure un travail inédit et original. S'inspirant des grands noms du soufisme dans l'histoire de l'Islam, Nasseer Shamma a porté son sens de la créativité vers le plus profond des célèbres textes des maîtres du mysticisme, tels El Halladj, Ibn Arabi et Abou Médiene El Ghouti. Une lecture musicale qui s'est enrichie de toutes les diversités des références culturelles, pour aboutir à des variations, dont les lignes rejoignent un seul point, celui de l'adoration de Dieu. « Depuis mes premières prestations, j'ai eu toujours un penchant pour le côté mystique de la vie des maîtres soufis. Un aspect que j'ai cherché à approfondir à travers une recherche musicale qui reflète aussi un mode de vie que j'ai adopté », a-t-il déclaré en marge du spectacle, qu'il a tenu à dédier à la ville de Constantine. L'appréciation du public a été vivement exprimée pour les différentes phases du programme, notamment pour des partitions comme Halet Ouadjd, Hilel El Saba, Beïn Ennakhil, Soubhane Edaïm et Ramadhan, ainsi que pour les chants religieux interprétés par la Marocaine Asma Lemnaouer, et le Syrien Madjd Kassem, avant de clore par une composition musicale offerte en l'honneur des présents, où les membres de la troupe Ouyoune ont fait valoir un savoir-faire instrumental impressionnant. Promettant de revenir encore une fois à une ville qui l'a tant charmé, Nasseer Shamma ne manquera pas d'annoncer la prochaine ouverture, au mois de décembre, d'une section de Beït El Oud à Alger, en partenariat avec le ministère de la culture, qui s'est chargé d'en assurer le siège. Par ailleurs, on apprendra qu'un programme « copieux » a été concocté pour fêter le dixième anniversaire de la création de Beït El Oud El Arabi au Caire. La manifestation, prévue au mois d'octobre 2008 à la capitale égyptienne, durera plusieurs semaines. La ville de Constantine aura l'honneur d'y être représentée grâce aux meilleurs éléments formés à Beït El Oud, fondée, il y a quelques années, à la cité du Vieux Rocher par le même Nasseer Shamma.