Les prix des produits agricoles poursuivent leur envolée sur les marchés. Depuis quelques mois, les tarifs pratiqués sur les marchés de gros et de détail n'ont pas connu de baisse significative. La flambée a avoisiné les 30% ces 20 derniers jours. Le produit agricole qui caractérise le mieux cette hausse inexorable reste incontestablement la pomme de terre. Dans plusieurs communes, le tubercule est vendu par les détaillants à plus de 80 DA le kilogramme, mais il est cédé à 60 DA dans certains quartiers de la capitale. La tomate, en revanche, n'a pas enregistré de baisse et se maintient à environ 130 DA. Le prix de la salade verte se situe entre 140 et 200 DA le kg, suivant l'implantation des marchés. La courgette et le haricot vert sont proposés entre 100 et 150 DA. Le poivron et le piment sont à 130 DA. Les carottes, le concombre et les aubergines sont affichés entre 70 et 100 DA. Acheté par les ménages il y a deux mois 30 DA, l'ail local a augmenté pour atteindre près de 400 DA. Les commerçants et autres observateurs indiquent que cette augmentation est imposée par cette période de soudure qui marque la fin d'une saison, l'été. Les produits agricoles de la saison estivale connaissent naturellement en ce moment une rareté. D'où la hausse des prix. Ce qui n'est pas compréhensible, cependant, est cette flambée de près de 50 DA des prix des légumes secs. Le haricot sec, les pois chiches et les lentilles sont vendus respectivement à 200, 340 et 140 DA. Ce n'est pas le cas des viandes blanches, notamment le poulet qui a vu le prix du kilogramme baisser légèrement, en comparaison aux précédentes semaines, pour se situer à environ 320 DA. En effet, durant la saison estivale, le poulet a dépassé les 500 DA. Cette légère baisse ne signifie guère que la filière est organisée et que son marché fait l'objet d'une régulation. L'aviculture vit actuellement, au contraire, de sérieux problèmes sur lesquels doivent se pencher sérieusement les autorités. Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection des consommateurs (Apoce), trouve inconcevable que les prix des légumes secs augmentent en Algérie alors qu'à l'international, ils n'enregistrent aucune hausse ces derniers temps. "C'est la conséquence de la spéculation et de l'absence du contrôle sur le marché", explique-t-il. Le consommateur n'a, de ce fait, pas l'accès facile à tous ces produits, étant donné l'érosion du pouvoir d'achat dont il est victime. Ce qui pose conséquemment, avertit-il, un problème de santé publique pour une large frange de la population dans notre pays. Car, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande la consommation à la fois des fruits et des légumes au quotidien. Pour M. Zebdi, le manque de marchés de proximité accentue la hausse des prix. Ces espaces commerciaux, une fois édifiés, couvriront les communes et autres localités et accueilleront un nombre plus important de commerçants. La concurrence loyale qui verra le jour parmi ces marchands fera, à coup sûr, baisser les prix. Il est illogique que dans des cités de 1 000 logements, l'on ne recense que 2 épiceries et 3 marchands de fruits et légumes. Face à une telle problématique, le président de l'Apoce suggère l'instauration du bon de transaction commerciale dans le but de suivre la traçabilité des produits et de déterminer la marge bénéficiaire pour chaque intervenant dans le circuit de distribution. Pour sa part, le président de l'Association nationale des commerçants algériens (Anca), Hadj Tahar Boulenouar, estime que ce déséquilibre entre l'offre et la demande en fruits et légumes est dû, entre autres raisons, au manque d'intérêt pour l'agriculture sous-serre et à l'industrie de transformation agroalimentaire. Il met l'accent, en fait, sur la nécessité d'ériger des ponts entre les agriculteurs et les transformateurs. B. K.