Le Mouvement ne s'opposerait pas à "une succession de pure forme" à l'issue du mandat en cours, à condition, toutefois, que la fin du règne de Bouteflika "laisse place à une véritable compétition politique". L'instance de coordination du mouvement Mouwatana a animé, hier, au siège du parti Jil Jadid, à Alger, une conférence de presse au cours de laquelle elle a annoncé l'adoption d'une résolution politique, la charte de valeurs et des principes fondamentaux, un conseil de délibération et la validation des structures à travers le pays et à l'étranger. Le président de Jil Jadid, Soufiane Dijilali, est revenu sur le black-out des services de la wilaya d'Alger vis-à-vis de la demande d'autorisation de la conférence nationale de citoyenneté qui devait se tenir hier dans la matinée, au niveau de la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda. Soufiane Djilali estime que cette attitude reflète l'état de paralysie de l'administration gouvernementale. "On peut comprendre par là que ni les services de la wilaya, ni le ministre de l'Intérieur, ni le Premier ministre n'ont pu prendre la décision de nous répondre. On est rentré dans une phase de vide, y compris concernant la gestion des affaires des citoyens. Les droits des Algériens sont réprimés. On refuse même aux partis agréés tout espace d'expression et de travail." Zoubida Assoul, porte-parole de Mouwatana, a soutenu, pour sa part, que ce nouvel acte de répression ne "va pas démobiliser le Mouvement qui va continuer son action jusqu'à l'aboutissement d'un projet politique alternatif". Actuellement, 3 555 citoyens ont rempli une fiche d'adhésion au Mouvement. L'instance de coordination de Mouwatana, qui compte 76 membres, appelle les partis politiques, les syndicats, les associations, les journalistes et le reste des corporations à rejoindre ses rangs. "Nous sommes pour la mutualisation des efforts pour arriver à une proposition alternative à ce système", précise Zoubida Assoul. Dans sa résolution politique, le mouvement Mouwatana pense que le prochain scrutin peut constituer "une opportunité pour un changement de régime sans violence et sans déstabilisation du pays". Car, lit-on dans ce document, "le cinquième mandat pour l'actuel Président, illégal du point de vue constitutionnel et immoral au vu de l'état de santé de l'intéressé, ne peut que prolonger et complexifier la crise et ne peut être, en aucun, cas sa résolution. Le bilan pathétique des quatre mandats et le désastre général (…) sont loin de plaider en faveur d'une quelconque continuité". Mouwatana qualifie de "plus grande trahison pour son pays le souhait du président Bouteflika de rester jusqu'à la fin de ses jours sur le trône même si l'Algérie devait être sacrifiée". Ce mouvement ne croit pas en un changement dès l'élection présidentielle de 2019. "Pour le moment, seul le peuple est dans une attitude de refus de la mascarade du cinquième mandat. La pression de la situation économique et sociale est telle qu'un refus du peuple s'exprimant dans la rue n'est pas une vue de l'esprit, avec les conséquences que l'on peut imaginer". Dans sa résolution politique, Mouwatana formule sept propositions susceptibles d'engager le pays sur la voie de l'édification d'un Etat de droit. Il s'agit tout d'abord du "renoncement au cinquième mandat (…)" quitte à prolonger le quatrième pour organiser, ne serait-ce qu'"une succession de pure forme", avec, toutefois, la garantie que la fin du règne de Bouteflika "laissera place à une véritable compétition politique concernant, cette-fois-ci, les programmes et visions politiques". Mouwatana plaide ensuite pour la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, sous l'égide d'un Président élu, afin de préparer une relance socioéconomique. La Constitution modèle souhaitée devra, indique-t-on dans ce document, valider un régime semi-présidentiel "avec un gouvernement responsable devant les élus du peuple, un pouvoir judiciaire indépendant de l'Exécutif et des contre-pouvoirs sérieux, avec une Cour constitutionnelle indépendante". Ladite Constitution devra être approuvée par le peuple par voie référendaire, préconise encore le Mouvement. Les nouvelles institutions devront être ainsi élues "sous l'égide d'une commission électorale indépendante de l'Exécutif et ayant la haute main sur l'ensemble du processus". Nissa H.