"Nous avons déposé, au nom du parti agréé Jil Jadid, une note d'information auprès de la Direction de la réglementation et des affaires légales de Constantine. Nous avons respecté les procédures", a indiqué la porte-parole du mouvement, Zoubida Assoul. Malgré les menaces des autorités locales de Constantine, le mouvement Mouwatana maintient sa décision de manifester aujourd'hui pour protester contre l'éventualité d'un 5e mandat présidentiel pour Abdelaziz Bouteflika. Les animateurs de ce groupe d'hommes et de femmes politiques et de citoyens n'entendent même pas attendre "l'autorisation" des autorités locales pour tenir la manifestation prévue ce matin depuis le stade Benabdelmalek-Ramdane de Constantine. "Nous avons déposé, au nom du parti agréé Jil Jadid, une note d'information auprès de la Direction de la réglementation et des affaires légales (Dral) de Constantine. Nous avons respecté les procédures", a indiqué Zoubida Assoul, porte-parole du mouvement, contactée par téléphone. L'ancienne juge dit ne pas attendre l'autorisation, puisque la loi "n'évoque jamais d'autorisation". "La loi 88-28 évoque le dépôt d'une information auprès des autorités locales. C'est tout", a-t-elle précisé, tout en rappelant que ce sont "les autorités qui ont perverti cette loi en évoquant à chaque fois l'obligation d'obtenir l'autorisation de manifester". La loi garantit certes le droit de manifester, mais les autorités locales ne l'entendent pas de cette oreille, puisque le représentant local de Mouwatana à Constantine aurait reçu un aveu étrange de la part du chef de sûreté de wilaya. "Nous allons vous empêcher de manifester", aurait indiqué le chef de la police locale à Abdelkrim Zeghilèche, propriétaire d'une web radio et adhérent de Mouwatana. "Mais de quel droit la police décide-t-elle d'interdire une manifestation ?", s'interroge Mme Assoul. "En principe, le rôle de la police et des services de sécurité se limite à assurer la sécurité des manifestants et l'exécution des lois. L'institution sécuritaire est garante de la sécurité de tous les citoyens", s'indigne la présidente du parti de l'Union pour le changement et le progrès (UCP). Dans une affiche collée dans les rues de la ville des Ponts suspendus et partagée sur les pages des réseaux sociaux, le mouvement Mouwatana indique clairement que la manifestation vise à dénoncer "le cinquième mandat" que projette de briguer l'actuel chef de l'Etat. Pour Mme Assoul, si les autorités veulent empêcher toute manifestation de Mouwatana, c'est parce qu'elles "ont vu que la mayonnaise a pris". Car, en principe, la Constitution de 2016 garantit le droit de "manifestation pacifique" dans toutes les villes du pays. Les autorités ont tenu à exclure la capitale de cette "permission" sous prétexte de l'existence de risques sécuritaires. En plus des autorités, les partis du pouvoir ne voient pas d'un bon œil la manifestation que compte organiser le mouvement Mouwatana. La section locale du RND à Constantine a appelé, dans un communiqué, les "citoyens" de leur ville à "faire attention" à "la manipulation". Elle appelle même à faire face "à ceux qui veulent toucher à la stabilité du pays" ! La manifestation de Constantine est la deuxième qu'organise Mouwatana après celle d'Alger. Le 12 août dernier, les principaux animateurs du mouvement Mouwatana ont été interpellés à la place des Martyrs à Alger où ils ont tenu un rassemblement. Ali Boukhlef