À l'occasion de la commémoration du 20e anniversaire de la disparition du dramaturge, le Crasc vient d'éditer les actes du colloque international sur la vie de Alloula. Le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) vient d'éditer les actes du colloque international sur Abdelkader Alloula (1939-1994) de 2014, et ce, à l'occasion de la commémoration du 20e anniversaire de la disparition du dramaturge. Selon le chercheur Mohamed Daoud, à l'origine de la réalisation de l'ouvrage, Le théâtre d'Abdelkader Alloula, le texte et la scène s'articule autour de trois axes : l'expérience de l'écriture théâtrale chez Alloula et l'influence de la tradition populaire dans ses œuvres, l'influence étrangère dans les œuvres du dramaturge et, enfin, les classiques de la Comedia del arte et la langue dans le théâtre du père d'El-Adjouad. Parmi les chapitres cités dans sa présentation, Mohamed Daoud a évoqué la communication d'Ahmed Cheniki dans laquelle l'universitaire de Annaba souligne que la pièce El Meida qui a révolutionné le théâtre, a constitué un tournant dans la carrière d'Alloula qui a entrepris une nouvelle expérience du théâtre, sous l'influence de la halqa, du goual et du conte populaire. Dans son intervention, le directeur du Théâtre régional d'Oran, Mourad Senouci, a, de son côté, affirmé que l'œuvre inachevée du dramaturge a laissé une empreinte indélébile sur le théâtre algérien et sur la recherche académique. Lors des débats, beaucoup d'intervenants ont été unanimes à convenir que le théâtre universel, la société, la halqa et le goual forment l'imaginaire du dramaturge Abdelkader Alloula. Lors du colloque international qui s'est tenu en mars 214 à Oran, plusieurs universitaires, chercheurs, artistes, dramaturges, venus de divers horizons et de différents pays, ont tenté de disséquer l'œuvre du père d'El-Adjouad. Dans son intervention Ahmed Cheniki avait notamment indiqué qu'Abdelkader Alloula — indéniablement "un des meilleurs hommes de théâtre algérien" — avait entrepris "des expériences novatrices", notamment en partant de l'héritage brechtien "de reprendre la structure du conteur populaire au niveau de l'écriture théâtrale". Le conférencier avait, par ailleurs, souligné la rigueur du dramaturge qui, pour les besoins d'une adaptation d'une pièce de Maxime Groki, n'avait pas hésité à traîner ses comédiens à la Cinémathèque pour s'imprégner du film. L'Algérien Benamar Médiene, professeur à l'université d'Aix-en-Provence, avait parlé de "la polyvalence artistique" de l'homme de théâtre — qui le place dans la lignée des grands dramaturges de l'Antiquité mais aussi aux avant-gardes de Brecht (dont il avait adapté plusieurs œuvres), Shakespeare ou Molière — et de son "audace" qui lui avait permis de travailler en langue arabe "tout en lui donnant la puissance du jeu théâtral" et de "moderniser la tradition des goual (le conteur, ndlr) dans la dynamique du spectacle de la scène fermée". Pour le conférencier, le génie créatif d'Alloula s'est notamment révélé à travers l'ensemble trilogique El-Adjouad, El-Goual et Litham dont les textes, les personnages, les situations burlesques ou dramatiques "sont toujours en relation avec une esthétique du rire". Né le 8 juillet 1939 à Ghazaouet, Abdelkader Alloula a été assassiné par des terroristes, pendant le Ramadhan de 1994, alors qu'il se rendait au palais de la Culture où il devait donner une conférence sur le théâtre. Il était âgé de 55 ans et était père de trois enfants. S. Ould Ali