Maintenant que le processus de remplacement de Saïd Bouhadja a atteint un nouveau stade, qui sera le président légitime de cette institution législative ? L'opération entamée depuis près d'un mois par des députés de la majorité pour destituer Saïd Bouhadja a atteint, hier, sa phase finale. En effet, en l'absence de l'opposition, les élus de la majorité ont désigné, sans surprise, Mouad Bouchareb comme nouveau président de l'APN. 288 députés ont voté et 33 l'ont fait par procuration. Comme attendu depuis l'annonce de la tenue de la séance plénière au début de la semaine, mais aussi depuis l'annonce de la candidature du député FLN de Sétif, la rencontre d'hier n'était qu'une simple formalité à accomplir. Présidée par El-Hadj Laïb en sa qualité de doyen des députés, la première séance a été consacrée au vote du rapport du bureau de l'Assemblée sur la vacance du poste de président. Sur les 320 votants, 317 ont dit oui pour la vacance du poste et seul le député indépendant de Tizi Ouzou, Belkacem Ben Belkacem, a voté contre le rapport. Deux autres députés se sont eux abstenus. La première étape étant dépassée, El-Hadj Laïb suspend la séance pour une courte durée avant de reprendre les travaux et procéder au vote du remplaçant de Bouhadja. Mouad Bouchareb était l'unique candidat postulant au poste de président. Présenté par le FLN et soutenu la veille par le RND, il sera adoubé par tous les autres groupes de la majorité. Cheikh Barbara, chef du groupe des élus du MPA, et Tahar Chaoui de TAJ ont tous les deux apporté leur soutien et celui des élus de leurs groupes à Bouchareb. Idem pour les indépendants et ceux d'El-Karama qui ont fait l'éloge du candidat à la présidence du Parlement. Etant l'unique candidat, les députés ont voté à main levée pour lui. Sur les 320 votants, entre présents et ceux l'ayant fait par procuration, seul le député indépendant Ben Belkacem s'est abstenu de donner sa voix à Bouchareb. Plébiscité donc à la majorité des présents, Mouad Bouchareb a présenté lors de sa prise de parole "ses vifs remerciements" au président de la République "pour la confiance qu'il a placée en moi", considérant que l'opération de destitution de Bouhadja "est démocratique" et qu'il œuvrera "à assurer un débat serein et démocratique" au sein de l'hémicycle. Maintenant que le processus de remplacement de Saïd Bouhadja a atteint un nouveau stade, qui sera le président légitime de cette institution législative ? Mouad Bouchareb, désigné par la majorité, ou Bouhadja, le titulaire constitutionnel du poste ? Difficile de répondre, surtout que Saïd Bouhadja refuse toujours de céder et se considère être le détenteur légal du poste de président de l'APN. Dans un entretien à Liberté, Saïd Bouhadja a réaffirmé sa position. "Toutes les décisions émanant du bureau de l'Assemblée sont illégales. La séance plénière de demain mercredi (hier, ndlr) est illégale, et donc, le nouveau président forcément illégitime", a-t-il, en effet, confié. Et d'ajouter : "Je reste et je demeure le président légal et légitime de l'APN." Avec la résistance de Bouhadja et l'entêtement de ses adversaires, le Parlement se retrouve avec deux présidents. Qui est légitime au regard de la loi ? Y aura-t-il une autorité pour trancher ? Que feront les hautes autorités face à ce dilemme, surtout que les deux parties se réclament du soutien du chef de l'Etat ? Rien n'est clair pour le moment. L'hémicycle n'a fait que sous-traiter un conflit imposé d'ailleurs. Mohamed Mouloudj