La plupart des établissements du moyen et du secondaire au niveau de la daïra de M'chedallah (est de Bouira), laquelle compte six communes, étaient paralysés, hier, par le mouvement de grogne des élèves pour réclamer la généralisation de l'enseignement de tamazight. Et effet, et répondant à un appel anonyme lancé via les réseaux sociaux, les collégiens et les lycéens des communes de M'chedallah, d'Ahnif, de Chorfa, de Saharidj, d'Aghbalou et d'Ath Mansour ont débrayé pour exiger des pouvoirs publics que tamazight soit enseignée partout à travers le territoire national et la levée "immédiate" du caractère facultatif de cette langue. À titre d'exemple, les collégiens du CEM Achour-Tazaghart de Takerboust, dans la commune d'Aghbalou, ont décidé de quitter leur salle de classe et d'imposer une marche à travers les artères de la ville en signe de contestation. Idem pour les élèves du lycée Belkacemi-Ali, de la commune de Saharidj, sis à 60 km au chef-lieu de la wilaya de Bouira, qui ont débrayé toute la journée. Mais la plus forte mobilisation a été constatée au chef-lieu de la daïra de M'chedallah où des dizaines de lycéens et de collégiens ont battu le pavé pour dénoncer ce qu'ils qualifient d'injustice à l'égard d'une langue nationale et officielle. En effet, plusieurs dizaines d'élèves, venus des divers établissements de la commune de M'chedellah, se sont regroupés au lycée de Zouzamen en scandant des slogans hostiles au pouvoir, ainsi que les traditionnelles "Ma ulac tamazight, ulac, ulac", "Corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe" ou encore "Assa azekka, tamazight tella tella !" Pour ces manifestants dont la quasi-majorité sont des mineurs, les autorités appliquent la politique du "deux poids, deux mesures" dans l'enseignement de tamazight. "Pourquoi doit-on étudier et apprendre l'arabe de manière obligatoire, et non tamazight, laquelle est notre langue mère ?", déclare un jeune lycéen scolarisé à l'établissement Ibn-Badis de M'chedellah. Devant une telle mobilisation, certains "acteurs" du mouvement associatif pour la promotion de tamazight sont restés muets, à l'instar du comité citoyen pour la généralisation et le caractère obligatoire de l'enseignement de tamazight, né à Bouira, au lendemain des manifestations pour la généralisation de tamazight en décembre 2017. En effet, ce comité a fait montre d'un silence assourdissant quant à cette grogne des lycéens et n'a pas cru bon d'émettre le moindre communiqué de soutien ou autre. RAMDANE BOURAHLA