L'option d'un 5e mandat pour Bouteflika découlerait de l'impossibilité pour les clans du régime de s'entendre sur un autre candidat que lui. En déplacement samedi dernier à Tizi Ouzou, le porte-parole du RND, Seddik Chihab, a affirmé qu'il était difficile pour les clans au pouvoir de trouver un "candidat de consensus". L'option d'un 5e mandat pour Bouteflika découlerait, selon lui, donc, de l'impossibilité pour les clans du régime de s'entendre sur un autre candidat que lui. Les assertions de Seddik Chihab ne sont pas vraiment nouvelles. Elles corroborent une récente affirmation dans laquelle Ahmed Ouyahia indiquait que "certains ont choisi l'option de l'alternance, ce n'est pas notre choix". Autrement dit, le sort de l'élection présidentielle de 2019 est scellé d'avance, rejoignant ainsi les craintes de l'opposition qui a toujours soutenu que si l'actuel chef de l'Etat brigue un nouveau mandat, il ne sert pratiquement à rien d'aller concourir dans une course aux résultats quasiment connus d'avance. La déclaration de Chihab contredit le discours de Bouteflika qui a appelé, en mars dernier, les hommes et femmes politiques à "une course pour le pouvoir" à travers "une diversité, une confrontation de programmes", ses partisans continuant de donner des signes d'un jeu fermé, d'une partie jouée d'avance. Car, en s'adressant ainsi à la classe politique, Abdelaziz Bouteflika savait que si sa candidature se précisait, il n'aurait pas de concurrents sérieux lors d'une élection que les acteurs politiques en vue ne veulent surtout pas crédibiliser. Et, pour ne rien arranger à la situation, le secrétaire général du FLN a court-circuité tout le monde en annonçant, de manière quasi officielle, que le candidat de son parti pour le scrutin présidentiel d'avril sera Abdelaziz Bouteflika. La chose était déjà entendue depuis que Djamel Ould Abbes insinuait, sans donner de nom, que le futur président de la République sera issu du FLN. L'alternance remise à plus tard L'idée d'un candidat de consensus n'est pas nouvelle. Depuis au moins 19 ans, l'actuel chef de l'Etat s'est toujours présenté en tant que tel. "Je ne suis le candidat d'aucun parti", s'enorgueillit-il lors d'un meeting électoral en 1999. Il aimait même rappeler les noms des nouveaux ralliés qu'il brandit comme des trophées. C'est notamment le cas lorsque l'ancien président du Hamas, Mahfoud Nahnah, avait rejoint le train. "Il a pris du retard", confiait Abdelaziz Bouteflika. "Il n'a rien demandé", ajoutait-il, avec un sourire en coin. C'était une manière de confirmer que le jeu était fermé. Car, dans le cas d'une alliance politique, les soutiens d'un candidat obtiennent toujours une contrepartie politique à leur appui au vainqueur du scrutin. Ce qui ne tardera d'ailleurs pas à arriver, puisque le parti islamiste avait fini par intégrer l'alliance présidentielle et bénéficier des sièges au gouvernement. Ces nouvelles sorties des partisans d'Abdelaziz Bouteflika plomberont un peu plus le débat politique. Si le RCD et le FFS ont quasiment tranché leur non-participation à l'élection présidentielle parce que "les jeux sont déjà faits", pour reprendre la déclaration de Mohcine Belabbas, d'autres ne tarderont pas à leur emboîter le pas. Le président du MSP, Abderrezak Makri, a déjà indiqué dans plusieurs sorties médiatiques que si l'actuel chef de l'Etat brigue un nouveau mandat, son parti ne participera pas au scrutin présidentiel. Le même sentiment a été exprimé par des proches d'Ali Benflis en août dernier, même si leur parti, Talaie El-Hourriat, n'a pas encore pris de décision définitive sur le sujet. En avril, il n'y aura donc pas de compétition électorale. Les partisans de Bouteflika seront seuls à faire campagne, avec certainement quelques petits lièvres. La succession à la tête de l'Etat est remise à plus tard. Ali Boukhlef