Au fur et à mesure que les partisans de Abdelaziz Bouteflika multiplient les sorties médiatiques pour réclamer un quatrième mandat, les appels au boycott du scrutin présidentiel s'accentuent. Et la tendance n'est pas près de s'arrêter. Comme lors des élections législatives de 2012, le RCD est le premier parti politique à annoncer qu'il boycottera officiellement le scrutin d'avril prochain. A l'issue de la réunion de son conseil national, le parti a estimé que «la prochaine Présidentielle, censée consacrer une rupture avec les pratiques frauduleuses en cours depuis 1962 (…), est encore compromise. Le flou et l'opacité qui ont prévalu durant toute cette période sur la Présidentielle d'avril 2014 sont un signe de plus sur le refus de l'alternance déjà consacré à travers le viol de la Constitution en 2008. L'élection de cette année n'est rien d'autre qu'une tromperie continuellement reproduite». Le même argument est repris par le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Abderrazak Makri a averti que «l'élection présidentielle de 2014 sera fraudée» au profit du candidat du système, qui sera probablement Abdelaziz Bouteflika. «Il n'y a aucune garantie d'élection transparente», a appuyé le leader islamiste qui, comme le RCD, veut faire campagne en faveur du boycott de l'élection. Avant la décision des deux partis de l'opposition, Abdallah Djaballah avait insinué qu'il ne prendrait pas part à l'élection, même si les instances de son parti, le Front de la justice et de la démocratie (FJD), n'ont pas encore définitivement tranché la question. «Laissons Bouteflika concourir seul», a-t-il proposé. En plus de ces «boycotteurs», d'autres candidats et partis politiques risquent de bouder le scrutin présidentiel. C'est le cas du président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, qui avait indiqué : «Si Bouteflika se présente, je me retire.» «Je confirme que notre candidat se retirera si le président Bouteflika se porte candidat», a déclaré, hier, Sofiane Sekhri, chargé de communication du candidat. «Jusque-là, nous poursuivons la collecte des parrainages. Mais si Bouteflika déclare sa candidature, nous allons organiser une conférence de presse pour annoncer notre retrait», a affirmé Sekhri. Pas de candidat de consensus Avant l'option du boycott, une solution médiane s'offrait pourtant à l'opposition. Des partis politiques et des personnalités avaient évoqué la possibilité de présenter un candidat commun. «Nous étions prêts à faire toutes les concessions possibles. En vain», a seulement indiqué Makri, qui ajoute : «Nous n'avons rien discuté avec Ali Benflis.» Ce dernier était présenté, un temps, comme le candidat des partis de l'opposition. Quant au RCD, l'idée de soutenir un autre candidat en dehors de Saïd Sadi n'a pas vraiment effleuré ses responsables. Et Jil Jadid estime, par la voix de son porte-parole, qu'«il n'est pas question de soutenir un autre candidat au premier tour, puisque nous avons le nôtre». «Je n'ai pas créé un parti pour le mettre au service de quelqu'un d'autre», a fulminé, lui aussi, Abdallah Djaballah sur une chaîne de télévision. Autrement dit, l'élection de cette année ne sera pas différente de celles qui ont précédé.