Et tous, partis du pouvoir comme opposition, s'accrochent à la décision du chef de l'Etat de briguer ou non un 5e mandat présidentiel. Si les partis et les leaders de l'opposition restent en stand-by, les clans du sérail semblent jouer leur va-tout. Aucun des prétendants potentiels à la présidence de la République ne semble vouloir dévoiler son jeu. Mais les «comités» de soutien semblent s'activer, et dans le langage de ceux qui sont chargés d'animer la scène, l'heure est à la diversion. Deux tendances, l'une favorable au 5e mandat et une autre qui s'y oppose ou préférant une autre option, se précisent, et chacune des deux tentent d'apparaître comme la plus offensive. Après des semaines de campagne, durant lesquelles l'option d'un 5e mandat présidentiel pour Abdelaziz Bouteflika a pris le dessus sur la campagne pour les élections locales, Djamel Ould Abbès a rongé son frein. Il est resté muet pendant que deux autres chefs de partis composant la majorité présidentielle, à savoir Amara Benyounès et Amar Ghoul, semblent emboîter le pas à Ahmed Ouyahia, le patron du RND et néanmoins Premier ministre, qui a nuancé l'option de voir le chef de l'Etat briguer un 5e mandat présidentiel. Lors de deux récentes interviews, les deux chefs de parti ont tenu à se démarquer du secrétaire général du FLN. Plus diplomatique, Amara Benyounès a estimé qu'on «ne peut pas penser ou répondre à la place de quelqu'un, notamment à la place du président Bouteflika». «Moi, je l'ai toujours dit, même quand on m'interrogeait à propos du deuxième mandat. C'est une décision tellement intime et tellement personnelle, qu'elle ne relève que de la personne concernée», a-t-il indiqué au Soir d'Algérie. Interrogé sur les propos de son allié du FLN, Benyounès a répondu sèchement : «Il se trouve que moi, je suis le président du MPA, pas du FLN. Ce que les militants du FLN souhaitent ou ont besoin d'exprimer, ils ont Ould Abbès pour cela. Moi, je représente les militants du MPA. Et, pour nous, la présidentielle de 2019, on en est encore loin.» Amar Ghoul, président de TAJ, a abondé dans le même sens. Il a estimé que «chaque parti est libre d'aborder la question (de la présidentielle, ndlr) dans sa campagne. En ce qui nous concerne, nous nous sommes concertés sur les élections locales», a répondu l'ancien ministre des Travaux publics à une question d'El Khabar sur le discours que développe le FLN autour d'un possible 5e mandat présidentiel. Tout comme Benyounès et Ouyahia, Amar Ghoul a bien sûr rappelé son allégeance à Abdelaziz Bouteflika. Mais à une année et demie du scrutin présidentiel, ces deux supporters zélés du chef de l'Etat semblent préférer une autre option. Si les deux hommes ne partagent pas forcément les mêmes chemins, leurs choix semblent se porter sur d'autres candidats potentiels que le chef de l'Etat sortant. Sans se démarquer totalement du système dans lequel ils sont partie prenante, la sortie des deux hommes suggère l'existence d'une autre voie qui viendrait de l'intérieur du système. Et si une reconduction de l'actuel Président n'est pas totalement écartée, le choix d'un autre candidat du consensus reste fort possible.