Alors qu'au Liban la recrudescence de la tension est montée d'un cran au moment où se déroule la deuxième étape des législatives, sur fond d'assassinant du journaliste Kassir, un des fervents animateurs des manifestations qui ont conduit, conjuguées à des pressions internationales sans précédent, au retrait de l'armée syrienne du Liban fin avril, après 29 ans de présence, la Syrie tente de sauver les meubles avec la tenue du congrès général du parti Baas arabe socialiste, au pouvoir depuis 42 ans. La réunion s'ouvre, aujourd'hui, à Damas, tandis que ce nouvel assassinat est imputé aux dirigeants syriens et que l'espoir de réformes est contrarié par de nouveaux durcissements de leur part. Le discours du président Bachar al-Assad, SG du parti, est très attendu en Syrie et à l'étranger. Le Bass, habilité à prendre des directives et non pas des décisions, doit examiner les grandes orientations politiques et économiques et désigner un nouveau bureau politique. L'annonce de sa tenue, il y a plusieurs mois, a laissé espérer des changements démocratiques parmi lesquels l'amendement de l'article 8 de la Constitution qui considère que le Baas dirige la société et l'Etat, et l'abrogation de la loi d'urgence instaurée en 1963, qui a autorisé toutes les dérives. Cependant, la multiplication des arrestations et des violations de la liberté d'expression ont tempéré tous ces espoirs. Des opposants syriens se sont étonnés que le régime n'ait toujours pas compris la leçon et qu'il continue d'user de vieilles recettes ayant conduit à des dégâts, tant à l'intérieur du pays qu'au Liban. L'opposition, qui a fini par se monter, estime que les Syriens aspirent à la démocratie, tandis que le pouvoir se durcit prétextant des défis extérieurs, notamment les fortes pressions américaines. Après les changements qui bouleversent la donne régionale, depuis la chute du régime bassiste irakien de Saddam Hussein en 2003, et avec le départ de l'armée syrienne du Liban achevé en avril, Bachar al-Assad a le dos au mur. Le régime hérité de son père ne peut plus être maintenu dans sa forme actuelle. Certains autour de lui verraient bien le lancement de réformes politiques sur la base d'une réconciliation nationale, acceptée par toutes les forces politiques du pays, pour que le régime puisse garder sa légitimité. Mais les caciques du Baas pensent le contraire, exigeant de lutter contre ceux qui justifient les ingérences étrangères dans les affaires de la patrie et de faire face avec force aux menaces et aux actions tendant à remettre en cause l'échiquier syrien. D. Bouatta