Les cours mondiaux du brut n'évolueront que modestement en 2019. Ils seront, plus clairement, légèrement supérieurs à la moyenne de 2018, s'attend la Banque mondiale dans son rapport Commodity Markets Outlook qui table sur une moyenne de 74 dollars le baril en 2019, contre 72 dollars le baril cette année. En 2018, les prix des produits énergétiques (pétrole, gaz naturel et charbon) devraient être de 33,3% supérieurs en moyenne à ceux de 2017, mais devraient globalement se stabiliser en 2019, précise la Banque mondiale. Une croissance robuste de la production pétrolière aux Etats-Unis, et un recul de la production en Iran et au Venezuela sont prévus. La demande mondiale devrait rester la même, souligne l'institution de Bretton Woods qui refroidit ainsi les espoirs des pays exportateurs de pétrole, dont la santé de leurs économies dépend entièrement de la rentabilité du baril du brut. "Un grand nombre d'économies de marché émergentes et de pays en développement dépendent des matières premières, source de recettes publiques et de recettes d'exportation, et il leur faudra donc renforcer leur cadre d'action et reconstituer leurs marges de manœuvre budgétaires", explique Ayhan Kose, directeur du groupe d'étude des perspectives de développement à la Banque mondiale. Dans un environnement marqué par l'essoufflement de l'économie chinoise et par la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et leurs principaux partenaires, la croissance mondiale devrait en pâtir ainsi que la demande en produits énergétiques. Au cours des 20 dernières années, la demande de matières premières s'est envolée, surtout du fait du rôle de la Chine, font constater les experts de Washington dans leur rapport qui consacre un dossier spécial à l'évolution du profil de la demande de matières premières industrielles – énergie et métaux – et à ses conséquences pour les pays en développement. L'économie de ce pays étant en train de parvenir à maturité et de se tourner vers des activités moins consommatrices en matières premières, la croissance de la demande d'énergie et de métaux devrait se tasser. "L'effritement du taux de croissance de la consommation de matières premières devrait avoir un effet modérateur sur les prix", fait valoir John Baffes, économiste senior et auteur principal de Commodity Markets Outlook. "De plus, sous l'effet d'autres facteurs, tels que les progrès technologiques, la modification des préférences du consommateur, les problèmes environnementaux et les politiques de promotion d'énergies plus propres, le recul de l'utilisation de certaines matières premières dans le monde pourrait être plus fort que le laissent supposer les tendances actuelles". Les perspectives de la Banque mondiale viennent remettre en cause les pronostics de certains analystes qui tablaient, très récemment, sur une forte reprise des cours du brut sous le double effet d'une éventuelle défection de l'Iran et des tensions entre les Occidentaux et l'Arabie saoudite, nées dans le sillage de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Les pays exportateurs de brut, dont les revenus ont considérablement baissé depuis 2014, sont ainsi clairement mis en garde quant à des horizons qui ne risquent pas de s'éclaircir de sitôt. Pour un pays comme l'Algérie, l'équation budgétaire pourrait se complexifier davantage si les réformes structurelles et ambitieuses auxquelles appellent les institutions de Bretton Woods ne sont pas mises en œuvre. Ali Titouche