Le déplacement hier du P-DG de Sonatrach, Abdelmoumène Ould Kaddour, au siège de la direction régionale de Haoudh El-Hamra a pris une nette coloration politique. En effet, l'opportunité de la tenue de la conférence syndicale du groupe Sonatrach sur le même site pour adopter le pacte de stabilité sociale et de développement entre la direction de Sonatrach et les syndicats du groupe en vue de prévenir les conflits sociaux a été saisie pour promouvoir la réélection d'Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat. Après la signature de ce pacte par le P-DG de Sonatrach, le SG de l'UGTA et le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTPGC), qui compte comme affilés en particulier le syndicat du groupe et les syndicats des filiales de Sonatrach, ce fut le tour de la lecture, en présence du président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad, d'une motion suivant laquelle les gestionnaires de Sonatrach, c'est-à-dire sa direction ainsi que les responsables des structures opérationnelles et les syndicats du groupe Sonatrach (maison-mère et filiales), soutiennent la candidature d'Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Par l'approbation de cette motion, sonatrach rejoint le projet de "front populaire" pour la continuité constitué par l'UGTA, le patronat public et privé. L'UGTA, le FCE, l'Unep, les autres organisations patronales et Sonatrach sont ainsi entrés en campagne électorale bien avant son lancement officiel, bien avant que Bouteflika ne se détermine lui-même. Mais si elle advient, la candidature d'Abdelaziz Bouteflika bénéficiera de la puissance de l'argent avec l'appui du patronat et de Sonatrach. Le long discours de Sidi-Saïd, le patron de la Centrale syndicale, à l'occasion, a été en ce sens un plaidoyer pour cette continuité dans la gestion du pays. Après avoir évoqué la situation de l'Algérie durant la décennie noire marquée par son isolement international, il a affirmé que la chance de l'Algérie a été l'investiture d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République. "Le chef de l'Etat a ramené avec sa politique de réconciliation nationale la paix, la sécurité sans laquelle aucun progrès économique ne peut s'effectuer. Pour cela uniquement, il faudrait le plébisciter pour continuer sa mission", a-t-il affirmé, ajoutant que "le peuple algérien et les travailleurs appuient sa candidature. Sa réélection sera une chose naturelle, normale". Le P-DG de Sonatrach, s'il a assuré les conditions de la paix sociale au sein de la compagnie nationale, locomotive du développement du pays à travers le pacte de stabilité, indispensable dans la poursuite dans la sérénité du développement du groupe pétrolier, il a, cependant, été loin de convaincre quant à son appui à la candidature d'Abdelaziz Bouteflika. "J'ai le droit d'exprimer une opinion", a-t-il répondu à une question de la presse. Allusion à son soutien à la démarche de Sidi-Saïd et d'Ali Haddad. K. Remouche