"Deux ou trois personnes préparent un tout autre scénario inconnu, y compris pour ceux qui appellent au cinquième", soutient Mohamed Adhimi, porte-parole du parti d'Ali Benflis. Les appels lancés, avec insistance, au président Bouteflika pour briguer un cinquième mandat traduisent-ils réellement la volonté du concerné de rester à la tête de l'Etat malgré la dégradation de son état de santé ? Pas si sûr, voire faux, si l'on doit se référer à l'attitude adoptée jusque-là par une majorité des partis de l'opposition laquelle préfère encore attendre de voir plus clair avant de trancher pour une participation ou un boycott de l'élection présidentielle d'avril 2019. S'ils se disent foncièrement opposés à cette option du cinquième mandat et même à tout autre candidat du système, les porte-parole des partis, contactés par nos soins, estiment, en effet, que les appels lancés au président Bouteflika successivement par les partis du pouvoir, notamment le FLN et le RND, puis l'UGTA et le FCE, seraient prémédités pour faire "diversion" sur le scénario que prépareraient, en catimini, les décideurs pour l'élection présidentielle d'avril 2019. C'est le cas notamment du porte-parole de Talaie El-Houriat, Mohamed Adimi, qui dit ne pas croire à l'idée du cinquième mandat auquel appellent ses partisans. "À Talaie El-Houriat, on ne croit pas à un cinquième mandat. Tout le monde a vu, lors de sa dernière apparition à l'occasion du 1er Novembre, l'état de santé du président Bouteflika. Il est clairement incapable d'assumer les missions de Président. S'ils décident d'aller vers un cinquième mandat, c'est qu'ils sont fous ! C'est qu'ils veulent le chaos !" s'est exclamé le porte-parole du parti d'Ali Benflis, selon qui il existerait "deux ou trois personnes qui préparent un tout autre scénario inconnu, y compris pour ceux qui appellent au cinquième". Ainsi, d'après lui, ceux qui appellent à un cinquième mandat pour Bouteflika seraient mandatés pour faire de la "diversion" dans l'objectif de brouiller les cartes et de flouter davantage l'opinion et la classe politique. Si son parti, révèle-t-il, préfère attendre pour décider de la posture à adopter par rapport à la prochaine élection présidentielle, il déclare, d'ores et déjà, qu'il boycotterait, à coup sûr, cette élection au cas où Bouteflika déciderait de briguer un cinquième mandat. "Si le président Bouteflika décide de briguer un cinquième mandat, nous n'allons pas participer à l'élection présidentielle de 2019", a affirmé M. Adimi. Une position que le parti d'Ali Benflis pourra définitivement adopter à l'occasion de son conseil national prévu samedi prochain. Egalement opposés à "tout candidat du système", le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS) eux aussi comptent arrêter leur position finale par rapport à la prochaine présidentielle à l'occasion de la prochaine session de leurs conseils nationaux respectifs. "Notre position, au RCD, a toujours été claire : nous sommes contre tout candidat du système et seule la mise en place d'une instance indépendante d'organisation des élections permettra la tenue d'un scrutin transparent à l'occasion de la prochaine présidentielle. Tant que cette condition n'est pas assurée, notre position ne changera pas. Néanmoins, la décision définitive reviendra au conseil national de notre parti qui se réunira prochainement", a déclaré Yassine Issiouane, porte-parole du RCD. Même son de cloche chez le chargé de communication du FFS, Abdou Jugurtha, qui réaffirme l'opposition de son parti au système "depuis 1962". Nos tentatives de contacter d'autres partis de l'opposition étaient vaines. Farid Abdeladim