Le ministère de la Santé est en cours de désignation de services hospitaliers de référence, autorisés à prescrire ces thérapies, avait indiqué le directeur général de la PCH à Liberté. Un comité d'experts s'est réuni à la mi-octobre au siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière pour désigner les centres anticancéreux habilités à commander les traitements d'oncologie innovants, dont l'immunothérapie auprès de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Trois structures ont été retenues : le Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d'Alger, le service oncologie d'Oran et celui de Constantine. Il y a quelques semaines déjà, des oncologues et des associations d'aide aux personnes atteintes de cancers sont montés au créneau pour dénoncer le retard mis dans l'approvisionnement des hôpitaux en ces médicaments qui avaient obtenu l'AMM (autorisation de mise sur le marché) par le ministère de tutelle en janvier 2018. Les autorités sanitaires avaient alors expliqué, par la voix du directeur général de la PCH contacté par Liberté, que "les patients traités par ces produits doivent être suivis de manière rigoureuse. Pour cette raison, le ministère de la Santé est en cours de désignation de services hospitaliers de référence, autorisés à prescrire ces thérapies. Leurs établissements peuvent alors faire une commande officielle et nous procèderons à l'importation de ces produits". Trois services sont choisis pour remplir ce rôle. Les praticiens et les patients, qui ne dépendent pas de ces structures sanitaires, s'insurgent contre ce qu'ils considèrent comme "une démarche sélective dans la prise en charge des malades, et ce, en contradiction avec les orientations du président de la République qui, en 2012, avait insisté pour rapprocher les soins aux malades". La mesure restrictive du département dirigé par le Pr Mokhtar Hasbellaoui va exacerber la pression sur ces centres référence, contraints à prendre en charge les malades traités par ces produits, à l'échelle nationale. Les malades, résidant loin de ces structures, devront parcourir des centaines de kilomètres, subissant les aléas des transports et de l'hébergement et, bien entendu, les frais y afférents pour se faire soigner. L'option du département ministériel de tutelle fait apparaître nettement des inégalités dans l'accès aux soins pointus. Les oncologues, qui n'ont pas été associés à la décision, s'interrogent, par ailleurs, sur les critères d'éligibilités des patients, qui ne sont guère précisés. Le pays a-t-il les moyens d'acheter ses médicaments, coûteux, pour toutes les personnes atteintes des cancers auxquelles ils seront prescrits, sachant qu'ils sont indispensables pour le mélanome malin, le cancer du poumon, le cancer du rein, le cancer de la vessie ? Les prix élevés de ces innovations thérapeutiques (environ 2 600 euros la boîte la moins chère) sont assurément rédhibitoires pour les pouvoirs publics. Dès lors qu'elles sont dûment enregistrées dans le pays, elles doivent être accessibles à tous, estime-t-on. Souhila H.