La direction de la Pharmacie centrale des hôpitaux a requis un engagement écrit des administrations des hôpitaux attestant de leur capacité à assurer le paiement des médicaments commandés. Des oncologues et des associations d'aide aux personnes atteintes de cancers s'insurgent contre l'indisponibilité des innovations thérapeutiques, essentiellement l'immunothérapie qui a obtenu l'AMM (autorisation de mise sur le marché) par le ministère de tutelle en janvier 2018. Sur prescription de chefs de services, des établissements hospitaliers ont adressé à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) des commandes au profit des patients réfractaires aux traitements conventionnels. La demande n'a pas été toutefois satisfaite. La direction de la PCH a requis, selon nos sources, un engagement écrit des administrations des hôpitaux attestant de leur capacité à assurer le paiement des médicaments commandés. Ce qui a été fait sans fléchir pour autant la position des gestionnaires de la centrale d'achat. Le refus d'honorer la commande est considéré par des praticiens et des animateurs d'association comme un blocage de molécules de dernière génération dûment incluses dans la nomenclature des médicaments enregistrés par la direction de la pharmacie au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Contacté pour avoir sa version, Mohamed Ayad, directeur général de la PCH, livre ses arguments. Il explique d'abord qu'il s'agit de molécules de nouvelle génération dont l'utilisation ne prévaut pas d'assez de recul. "Les patients mis sous ces traitements doivent être suivis de manière rigoureuse. Pour cette raison, le ministère de la Santé est en cours de désignation de services hospitaliers de références, autorisés à prescrire ces thérapies. Leurs établissements peuvent alors faire une commande officielle et nous procéderons à l'importation de ces produits", précise notre interlocuteur. Il affirme, par ailleurs, que ces produits hospitaliers ne sont pas encore budgétisés, puisqu'ils ont été enregistrés au début de l'année, soit après l'allocation du budget des hôpitaux pour l'exercice 2018. "Le coût de ces traitements est très élevé. Le médicament le moins cher est cédé à 2600 euros la boîte", complète-t-il. Le directeur général de la PCH reconnaît avoir exigé, par anticipation, un engagement écrit des hôpitaux, car nombre d'entre eux dépassent souvent leurs budgets de fonctionnement. Le différentiel s'accumule d'année en année, en créances détenues auprès de la PCH. La structure souffre en conséquence de problèmes presque structurels de trésorerie, qui l'empêchent d'honorer ses commandes. Jusqu'à février dernier, la dette des hôpitaux s'élevait à 34,5 milliards de dinars. Il était question qu'elle soit reprise par les pouvoirs publics. "Nous sommes en discussion avec le ministère des Finances", indique M. Ayad sans développer davantage ce chapitre. Pour rappel, la PCH a livré, en 2017, l'équivalent de 88 milliards de dinars de médicaments aux hôpitaux, dont 18 milliards de dinars ne sont pas encore payés. Sur cette facture, 45 milliards de dinars ont été consommés par des anticancéreux et les traitements d'hématologie. Souhila H.