Les prix du pétrole ont chuté de près de 20% en un mois après que les grands producteurs, l'Arabie saoudite, la Russie, le Koweït et l'Irak, aient augmenté leur production pour parer à une forte flambée des prix, conséquence des sanctions américaines contre l'Iran, appliquées à partir du 4 novembre. Le baril de Brent de la mer du Nord était coté ces derniers jours à moins de 70 dollars, contre plus de 80 dollars début octobre dernier. Selon le ministre omanais du pétrole, cité par l'APS, les états membres de l'Opep et les pays exportateurs associés à l'organisation sont majoritairement favorables à une réduction de l'offre de brut. "Beaucoup d'entre nous partagent ce point de vue", a déclaré le ministre omanais, Mohamed Ben Hamad Al-Rhoumi à l'occasion de la réunion du comité ministériel conjoint de surveillance Opep-non Opep (JMMC) qui s'est ouverte hier à Abou Dhabi. Plusieurs jours auparavant, des informations recueillies auprès de sources à l'Opep ont fait état de la volonté de l'Arabie saoudite et de la Russie de réduire la production à partir de 2019. D'ailleurs le ministre saoudien du pétrole a déclaré que son pays allait réduire sa production de 500 000 barils/jour en décembre prochain. La rencontre a examiné en ce sens la possibilité d'un retour à des limitations de production décidées lors de l'accord d'Alger appliquées en 2017 jusqu'à son amendement en juin 2018. Cet assouplissement de l'accord de limitation de production en juin dernier, a permis à l'Arabie saoudite, le membre le plus influent de l'Opep, d'augmenter sa production, suivie par la Russie et d'autres grands producteurs. Le ministre omanais ne confirme pas ces informations de manière précise, suivant lesquelles les poids lourds de l'alliance Opep-non Opep, Arabie saoudite et Russie, sont favorables à une nouvelle baisse de la production. En tout état de cause, les signaux annoncent un déséquilibre entre l'offre et la demande mondiale de brut. Primo : le président Trump a lâché du lest en autorisant plusieurs pays à importer du brut iranien malgré les sanctions américaines. Secundo : les stocks américains sont en hausse. Tertio : plusieurs analystes prévoient un ralentissement de la croissance mondiale en 2019. Tous ces facteurs poussent vers une baisse des prix du pétrole. À noter que la chute des prix du pétrole actuelle est imputée notamment à une baisse de la demande de pétrole en Chine, ce pays étant le plus grand importateur de brut. Il faut savoir cependant que le comité de suivi n'a pas de pouvoir de décision. Il émet juste des recommandations qui seront examinées lors de la réunion ministérielle ordinaire de l'Opep prévue en décembre prochain à Vienne. Il faudra sans doute attendre l'évolution des prix au cours des prochains jours, voire les prochaines semaines. Une tendance à la baisse des prix du pétrole durant la période poussera vraisemblablement à un consensus Opep-non Opep pour une nouvelle réduction de la production des pays Opep-non Opep. Si les prix actuels du brut ne vont pas trop affecter le cours moyen du baril algérien, estimé autour de 70 dollars, puisque outre sa bonne tenue durant les dix derniers mois de l'exercice actuel avec des prix dépassant les 70 dollars, les contrats de vente de brut signés aujourd'hui et dans les semaines prochaines sont pour une livraison en janvier prochain, du moins en bonne partie. Il en sera autrement l'an prochain si la tendance à la baisse des cours se poursuit, mettant à nu de nouveau la forte dépendance de l'Algérie à l'égard des fluctuations des prix de l'or noir. K. Remouche