C'est en pleine réunion de travail que le secrétaire général du FLN reçoit un coup de téléphone lui annonçant la fin de sa mission à la tête du parti. C'est un nouveau cataclysme qui vient de frapper le régime. À la surprise générale, Djamel Ould Abbes a quitté, hier matin, son poste de secrétaire général du FLN, prenant ainsi à contre-pied les cadres de son parti et l'opinion publique en général. Il a été remplacé illico presto par le président de l'APN, Moad Bouchareb, qui cumule ainsi deux postes de responsabilité sensibles, au niveau partisan et au sein des institutions de l'Etat. L'information portant sur le départ de Djamel Ould Abbes a été annoncée en deux temps. En fin de matinée d'hier, des rumeurs ont commencé à circuler sur une possible démission ou un limogeage du secrétaire général du FLN. Puis, un site, réputé proche de la direction du parti, a donné une information que personne n'attendait : le secrétaire général du FLN était admis à l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja pour un problème cardiaque. Une attaque qui nécessite "un congé de longue durée", et donc suppose la désignation d'un intérimaire. Mais les choses se sont accélérées. Et étrangement, les membres du bureau politique et du cabinet d'Ould Abbes se sont montrés dans l'ignorance totale de ce qui venait de se passer. "Non, il est dans son bureau, il travaille", a répondu Nadir Boulakroun, le directeur de cabinet. "Effectivement, il était fatigué et il s'est plaint de fatigue en début de soirée" de mardi, nous a confié Saïd Lakhdari, membre du bureau politique, contacté par téléphone. Le député de Tizi Ouzou avait accompagné, mardi en fin de journée, le secrétaire général du FLN lors d'une rencontre tenue avec des responsables maliens. En réalité, d'autres informations, confirmées par différentes sources, indiquent que c'est dans la matinée, et en pleine réunion de travail, que le secrétaire général du FLN a reçu un coup de téléphone lui annonçant la fin de sa mission à la tête du parti. Qui est derrière ce coup de téléphone ? On ne le sait toujours pas. Ould Abbes aurait alors fait un malaise nécessitant son transfert à l'hôpital. D'autres sources disent que l'homme est vite rentré chez lui. Nous avons tenté de le joindre par téléphone, Pas de réponse. Ce qui est confirmé, en revanche, c'est qu'au moment où des membres du bureau politique étaient en réunion au siège du parti, à Hydra sur les hauteurs d'Alger, l'agence officielle APS avait déjà donné l'information selon laquelle, selon des "sources officielles", Djamel Ould Abbes avait démissionné "pour des raisons de santé" et que Moad Bouchareb était désigné pour le remplacer à titre intérimaire. Une décision surprenante qui contredit même les statuts du parti qui stipulent clairement qu'en cas de vacance du poste de secrétaire général, l'intérim doit revenir au membre le plus âgé du bureau politique. Devant les journalistes, Ahmed Boumahdi, à qui le poste de secrétaire général par intérim revient en principe, a indiqué qu'Ould Abbes n'avait pas démissionné. "Il se repose", avait-il indiqué, refusant d'évoquer la désignation d'un intérimaire. La veille de cette démission, une rumeur circulait au siège du FLN selon laquelle le secrétaire général vivait ses dernières heures à la tête du parti. Nous étions au siège du parti à ce moment-là et à aucun cas, Djamel Ould Abbes n'avait montré un quelconque signe d'affaiblissement ou d'homme en fin de mission. Mais selon différentes sources, la passe d'armes que venaient d'échanger le ministre de la Justice, militant du FLN, et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait laissé des traces. S'exprimant dans Liberté, le désormais ancien secrétaire général du FLN avait désavoué son collègue en évoquant un "problème qui ne concerne pas le FLN". Mardi soir, il avait confirmé cette position, laissant le soin au chef de l'Etat de régler un différend entre deux membres de son gouvernement. Une position que des cadres du FLN et des députés n'ont pas appréciée. Ils ont reproché à Ould Abbes de se ranger du côté d'Ahmed Ouyahia au détriment d'un cadre de leur parti. Les jours à venir vont certainement nous renseigner sur les tenants et aboutissants d'une démission qui sera apparemment suivie par d'autres évènements qui secoueront le régime dans les mois à venir. Ali Boukhlef