Après le départ de Saïd Bouhadja, c'est un nouveau feuilleton que donne à voir l'ancien parti unique. Depuis la mise à l'écart de Djamel Ould Abbes de la tête du parti, il y a quatre jours, l'opinion publique assiste à un mouvement de vents contraires. Alors que l'agence officielle avait annoncé la démission de l'ancien secrétaire général, l'homme persiste à nier les faits, évoquant une convalescence. Le ciel s'assombrit pour le parti, mais aussi pour tout le pays. Dans des sorties médiatiques, le désormais ex-secrétaire général du FLN a nié avoir démissionné de son poste. En début d'après-midi d'hier, un communiqué émanant du siège du FLN, portant l'entête du SG, indique que l'homme "est en convalescence". Autrement dit, il n'a pas démissionné. Pis encore, le document, qui ne porte pas la signature et la griffe de Djamel Ould Abbes, nie avoir tenu des propos publics. A-t-il été obligé de rectifier le tir ? A-t-on fait les choses à sa place ? Chez les proches d'Ould Abbes, on estime que cette sortie est dans l'ordre naturel des choses. "Non, le secrétaire général n'a pas démissionné", a nuancé, par exemple, Mohamed Bouabdallah, chef du groupe parlementaire du FLN à l'APN. Une réponse confirmée par un membre très influent du bureau politique du parti que nous avons joint par téléphone. Si des observateurs ont interprété la nuance de Mohamed Bouabdallah et de Djamel Ould Abbes comme un défi à ceux qui ont désigné Mouad Bouchareb comme un intérimaire, au sein de la direction du parti, on donne une toute autre explication. Selon une source très proche de l'ancien secrétaire général, Djamel Ould Abbes a "réellement été victime d'un malaise cardiaque" qui a nécessité son transfert à l'hôpital. Suite à cela, il avait le choix entre démissionner ou remettre un congé de maladie. Or, une démission "nous oblige à appliquer l'article 36 des statuts" du FLN, qui précise clairement qu'en cas de vacance du poste de SG, c'est le membre le "plus âgé" du bureau politique qui doit assurer la fonction. Le militant qui répond à ce critère s'appelle Ahmed Boumahdi. Ce septuagénaire, très influent dans l'Algérois, représente un vrai handicap : il fait partie des figures qui avaient soutenu l'ancien secrétaire général, Ali Benflis, lors de la présidentielle de 2004. Pour parer à ce handicap, les responsables du FLN ont trouvé la parade : Djamel Ould Abbes a déposé un congé de maladie de longue durée. Le poste de secrétaire général n'est donc, statutairement, pas vacant. L'autre astuce trouvée par les responsables est le recours au "plus haut gradé des militants" du FLN actuellement pour devenir coordinateur du bureau politique. Il s'agit de Moad Bouchareb, l'actuel président de l'APN, donc troisième homme de l'Etat. Pour combler l'absence de légitimité politique et organique dont souffre Bouchareb, les stratèges du FLN ont également trouvé une sortie. L'actuel bureau politique est déjà dissous. Le coordinateur du parti sera assisté par quatre membres issus des quatre régions du pays. Il s'agit de Saïd Lakhdari pour le centre du pays, de Karim Rahiel ou d'Abdelhamid Si-Affif pour l'Ouest, d'Ahmed Guemama ou de Mustapha Amad pour le Sud et d'Amar Djilani pour l'est du pays. Les promoteurs de la nouvelle donne estiment que "la période qui vient" nécessite du "sang neuf", comme l'a dit, hier, Mahdjoub Bedda, ministre des Relations avec le Parlement. Un élément de langage confirmé par une autre source du bureau politique. Comme notre source, Mahdjoub Bedda a ainsi confirmé que la présence d'Ould Abbes à la tête du FLN fait désormais partie du passé. Bouchareb restera en poste jusqu'à l'élection présidentielle. Un congrès extraordinaire sera organisé au début de l'été prochain pour désigner un nouveau secrétaire général. Ali Boukhlef