Résumé : Halima prend le bus pour rentrer chez elle. Elle est huée par les passagers. Elle était la seule femme, et le receveur lui recommandera de se faire transporter par son entreprise pour éviter toute contrainte. Le bus arrive à la station, et elle s'empresse de prendre son sac et de descendre. Un autre bus la déposera une demi-heure plus tard non loin de chez elle. Enfin, elle arrive à la maison. On était déjà au crépuscule ! Qu'en sera-t-il en hiver, se demande la jeune femme, en se penchant pour prendre sa fille dans ses bras. -Alors, Sabi ? Tu as été sage ? -Oui. J'ai fait un beau dessin. Tu veux le voir, maman ? -Pas tout de suite, ma chérie. Je suis exténuée. Elle se dirige vers sa chambre et se laisse tomber sur son lit. La journée n'avait pas été facile. On l'avait prévenue que les débuts dans un boulot étaient toujours les plus durs, mais qu'avec le temps la routine prendra le relais. Elle soupire. Aura-t-elle le courage de tenir le coup et de continuer à courir quotidiennement derrière les bus pour arriver à son lieu de travail à l'heure, et rentrer chez elle le soir à moitié morte de fatigue ? L'itinéraire était épuisant. Et puis, il y a aussi ces gens sans aucun scrupule qui ne se gênent pas pour faire des remarques ignobles aux femmes seules. Et elle était seule sur ces deux bus qu'elle venait de prendre. Alors la suite ne sera pas difficile à envisager. Elle entendit ses parents discuter dans la cuisine et s'empresse de les rejoindre. Le dîner était prêt. Sa mère la toise, avant de demander : -Alors Halima ? Comment s'était passée cette première journée ? Elle hausse les épaules. -Bien. -Tu ne trouves pas que l'endroit où se trouve cette entreprise est un peu isolé et non sécurisé pour une jeune femme ? -Voyons, maman. Je vais m'y habituer. -À quoi donc ? À affronter quotidiennement le danger ? Halima ouvre les deux mains dans un signe d'impuissance. -Ai-je le choix ? Je dois bien gagner ma vie et élever ma fille. Son père hoche la tête d'un air désolé. -Tu avais un mari qui s'occupait de ton entretien et de l'éducation de sa fille. Je ne vois vraiment pas comment tu as pu mettre fin à une relation aussi harmonieuse que la vôtre. Excédée par les propos de ses parents, Halima s'emporte. -Je vois que vous donnez toujours raison à Athmane, après tout ce qu'il m'a fait. -Que t'a-t-il donc fait ?, demande sa mère les sourcils froncés. Il t'a épousée et t'a fait vivre dans la dignité et le respect. Tu avais tout ce que tu voulais : une maison, un enfant, de l'argent. Je ne te reconnais plus, ma fille. Tu étais si bien chez toi. -Mais non, je n'étais pas bien. J'étouffais. Je voulais m'affirmer et me sentir moi-même. -Tu n'en faisais qu'à ta tête. Halima soulève sa fille dans ses bras et tourne les talents. -Sabrina n'a pas encore fini son dîner, s'écrie sa mère. Halima prend son sac et quitte les lieux. La nuit était tombée, mais le quartier était encore animé. Elle se dirige vers une supérette et prend des yaourts, du fromage et du pain, puis achète quelques fruits chez l'épicier du coin. (À SUIVRE) Y. H.