Le problème du débordement des eaux du lac Fatzara sur des centaines de terres agricoles, situation qui hantait les agriculteurs et les éleveurs, depuis le lancement, en août 2000, de l'opération de mise en valeur du périmètre entourant cette dépression, sera-t-il un jour résolu ? Nullement, si l'on se réfère aux avis des riverains et à d'anciennes études datant de l'époque coloniale. Classée zone humide, El-Garâa, pour les anciens, est une dépression qui englobe les transhumances et le refuge d'oiseaux migrateurs. Seules quelques unes de ses parcelles se prêtent à certaines spéculations agricoles, après le recule des eaux. Le reste n'étant utile que pour le fourrage et le foin. “Logiquement, il faut laisser le site en l'état naturel. On ne doit jamais jouer avec la nature et surtout toucher à des zones humides, en existence depuis la nuit des temps”, estiment des experts et des écologistes. Une fois lancé, le projet de la mise en valeur de ce périmètre, pourtant basé sur des études réalisées par des experts en la matière, a été confronté à la stagnation des eaux, atteignant un volume jamais enregistré auparavant. D'ailleurs, l'enveloppe financière dégagée par l'Etat, qui s'élève à près de 34 milliards de centimes pour la mise en valeur dudit périmètre, avait été tout simplement un “gâchis”. Les travaux qui avaient été réalisés (puits, retenues collinaires, tranchés, etc.) dans ce périmètre ont été complètement inondés et détruits par les eaux. Les membres de l'Assemblée populaire de la wilaya, qui estiment qu'il y a anguille sous roche dans ce projet, ont même exigé, l'été dernier, une commission d'enquête sur cette affaire. Mais celle-ci semble rester au stade du simple constat. Durant ces trois dernières années, et surtout l'hiver dernier où la région de Annaba a connu une forte pluviométrie, les eaux ont atteint des proportions alarmantes, menaçant ainsi les habitants des rives du lac Fatzara, dont plusieurs d'entre eux ont été contraints de quitter les lieux. La situation était critique. Les responsables du secteur, au même titre que les autorités locales, ont été tenus à la gorge, étant donné qu'ils ne peuvent à aucun cas opérer des lâchers pour l'évacuation des eaux, de crainte de voir des localités limitrophes et la plaine de la Seybouse envahies par les eaux. Autrement dit, exposer des vies humaines à un réel danger. Durant cette période sèche, la vanne du lac, qui a été progressivement ouverte, permettant ainsi un recul considérable des eaux, devrait être également rénovée avant la saison des pluies, apprend-on auprès de la direction de l'hydraulique. De même pour des travaux d'élargissement du canal d'évacuation des eaux vers l'oued Meboudja et le curage de ce dernier. Aujourd'hui, les services de la DAS semblent déclencher une course contre la montre pour trouver des solutions à ce périmètre. Cependant, cette mission, estime-t-on, relève de l'impossible. Ainsi, pour beaucoup d'agriculteurs, ce projet relève carrément de la paranoïa. B. Badis