Les fortes chutes de pluies de ces derniers jours ont entraîné l'inondation de nombreuses superficies agricoles, situées aux abords du lac Fatzara. Ainsi, le problème du débordement des eaux de ce lac sur des centaines de terres agricoles, continue toujours de hanter les agriculteurs et les éleveurs, voire même les responsables locaux de la wilaya, depuis le lancement, en août 2000, de l'opération de mise en valeur du périmètre entourant cette dépression. Ce problème sera-t-il un jour résolu ? Nullement, si l'on se réfère aux avis des riverains et à des études datant de l'époque coloniale. Classée zone humide, communément appelée El garaâ, cette dépression, qui englobe les communes de Berrahal, d'El Eulma et de Chorfa, était, avant sa mise en valeur, un territoire de transhumance et de refuge pour les oiseaux migrateurs. Seules quelques-unes des ses parcelles se prêtent a certaines spéculations agricoles, après le recul des eaux, le reste n'étant utile que pour le fourrage et le foin. « Logiquement, il faut laisser le site à l'état naturel. On ne doit jamais jouer avec la nature et surtout toucher à des zones humides, existant depuis la nuit des temps », estiment des experts et autres écologistes. Une fois lancé, le projet de mise en valeur de ce périmètre, pourtant basé sur des études réalisées par des experts en la matière, a été confronté à la stagnation des eaux, atteignant un volume jamais enregistré auparavant. Le projet en question a été abandonné par l'Etat après avoir été classé, en 2006, zone humide, donc protégée. Ainsi, l'enveloppe financière, qui s'élève à près de 340 MDA (millions), consacrée à la mise en valeur dudit périmètre, avait été tout simplement un « gâchis ». Les travaux qui auraient été réalisés (puits, retenues collinaires, tranchés etc.) dans ce périmètre ont été complètement inondés et détruits par les eaux. Les membres de l'assemblée populaire de la wilaya récente, qui avaient estimé qu'il y avait anguille sous roche, ont même exigé une commission d'enquête pour faire la lumière sur cette affaire. Mais, celle-ci est restée, jusque-là, au stade de simple constat. Des vies humaines exposées au danger Durant les trois années écoulées, et surtout l'hiver dernier, pendant lequel la région de Annaba a connu une forte pluviométrie, les eaux ont atteint des proportions alarmantes, menaçant ainsi les habitants des rives du lac « Fatzara », dont plusieurs ont été contraints de quitter les lieux, surtout ceux de la zone dite « bleue », tant la situation était critique. Les responsables du secteur, au même titre que les autorités locales, ont été pris à la gorge, étant donné qu'ils ne peuvent, en aucun cas, opérer des lâchers pour l'évacuation des eaux de crainte de voir des localités limitrophes et la plaine de la Seybouse inondées. Autrement dit, exposer des vies humaines à un danger réel. En l'absence de toute garde, le lac Fatzara, dont la protection s'impose, est de plus en plus menacé, en raison des drainages et de la mise en valeur des terres qui engendrent la surexploitation des espèces et la détérioration de la couche végétale, et surtout du comportement néfaste de certains trabendistes qui ne reculent devant rien. En effet, depuis un certain temps, le sable de ce lac, situé entre les communes de Berrahal, El Eulma et Chorfa, fait l'objet d'un pillage, selon des sources crédibles. Les pilleurs, qui sont nombreux selon les habitants, opèrent au grand jour. Ce sable, prisé pour sa qualité, dans la construction, est destiné, selon nos sources, à une certaine frange de la société, autrement dit les mercantiles pour la réalisation de villas de luxe. Pour rappel, la classification de ce site naturel est intervenue, à l'issue des visites effectuées, il y a quelques années, par des experts en la matière, qui ont jugé que cette étendue d'eau naturelle était « un excellent site d'accueil, en période hivernale, d'une avifaune nicheuse composée souvent d'espèces rares et protégées ».