La reculade du gouvernement sur la hausse des prix du carburant en France n'a pas calmé la colère des "gilets jaunes" qui dénoncent aujourd'hui l'ensemble de la politique d'Emmanuel Macron. La France a vécu hier un samedi noir, surtout à Paris où les gilets jaunes sont redescendus dans la rue pour dénoncer la hausse des prix du carburant, mais aussi pour demander à Emmanuel Macron de démissionner en raison de sa politique jugée antisociale. Dès la matinée, la capitale française a connu un violent face-à-face entre les manifestants et les forces de l'ordre qui ont quadrillé Paris, pour empêcher tout débordement du côté du Palais de l'Elysée. Plus de 1 000 personnes ont été interpellées, dont plus de la moitié à Paris, alors qu'au moins 720 autres ont été placées en garde-à-vue, selon les autorités, ont rapporté les médias français. "À Paris, qui compte la majorité des interpellations et gardes à vue, on recensait 651 interpellations dont 536 gardes à vue à 16h15", a rapporté en fin d'après-midi le quotidien Le Monde, citant la préfecture de police. Au niveau des Champs Elysées, les manifestants ont exprimé leur solidarité aux lycéens humiliés vendredi par la police à Mante-la-Jolie (nord-ouest de Paris), en se mettant à genoux et les mains sur la tête. Dans son compte twitter, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a écrit : "Echec total de la campagne de démotivation et d'intimidation. La mobilisation populaire est déjà très forte partout en France", point de vue partagé par la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a souligné, dans un tweet, que "malgré une campagne gouvernementale d'intimidation, de diabolisation, les Gilets Jaunes sont bien présents dans tout le pays". Dans les villes de province, des violences ont émaillé la manifestation pacifique qu'ont organisée les "gilets jaunes" à Bordeaux, où les forces ont usé de gaz lacrymogène et de flash-ball pour les disperser. La situation était quasi similaire à Toulouse, selon la presse locale, alors qu'à Marseille, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Plusieurs commerces ont baissé rideau dès vendredi, en raison des casseurs qui se sont mêlés aux "gilets jaunes" lors des précédentes manifestations qui ont commencé le 17 novembre dernier et qui se sont propagées jusqu'en Belgique voisine, où quelques incidents ont aussi eu lieu hier matin à Bruxelles, selon l'agence de presse locale Belga. Les médias français, très proches dans leur majorité du pouvoir, ont tenté de minimiser l'impact de cette colère, mais les vidéos partagées sur les réseaux sociaux ont démontré le contraire. Cela a provoqué des remous dans le pays, où les lycéens ont joint leurs voix aux "gilets jaunes" pour dénoncer, eux aussi, la politique du gouvernement dans le secteur de l'éducation, en dénonçant la réforme du système éducatif qui vise, selon eux, à creuser l'écart entre les élites et les enfants de la classe populaire. "Ce mouvement a fait naître un monstre de colères anciennes, et personne aujourd'hui ne peut le tenir", a déclaré hier le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, ce qui dénote le désarroi du gouvernement d'Emmanuel Macron qui commence à faire des concessions malgré son silence. Selon de nombreux observateurs, une marche arrière face aux "gilets jaunes" impactera sur les autres réformes menées dans d'autres secteurs et qui sont impopulaires. Ce qui l'emmènera, dans ce contexte, à ne plus devenir le "maîtres des horloges", alors qu'il voulait une France cadencée à son rythme. L'Elysée a annoncé que le président Macron s'adressera aux Français en début de semaine. Un discours tant attendu, que les Français ne souhaitent pas qu'il vienne un peu tard par rapport à la radicalisation de la colère. Lyès Menacer/Agences