Le président français, Emmanuel Macron, a convoqué, hier, une réunion de crise du gouvernement. Le gouvernement français réflechit à l'instauration de l'état d'urgence. Tout comme Christophe Castaner, le gouvernement n'a pas exclu le rétablissement de l'état d'urgence, pour endiguer les violences avec la protestation des gilets jaunes. Ses assertions n'ont pas tardé à provoquer des réactions mitigées sur les réseaux sociaux. Suite aux débordements survenus hier, en marge de la manifestation des «Gilets jaunes», le gouvernement français étudie toutes les options pour éviter de nouvelles scènes d'émeutes, notamment celle de l'instauration de l'état d'urgence, a annoncé le porte-parole. Lancée le 17 novembre, la protestation en France gagne du terrain. Les Gilets jaunes, qui contestent le prix des carburants et le pouvoir d'achat, disent que des casseurs ont sévi aux Champs Elysées, samedi, pour discréditer le mouvement. Des voitures ont été brûlées, des banques attaquées, et des gaz lacrymogènes tirés contre les protestataires aux Champs Elysées. Le premier ministre, Edouard Philippe, avait rencontré une délégation de Gilets jaunes, mais aucun accord n'a été conclu. Hier, un troisième mort a été enregistré depuis le lancement de la contestation, le 17 novembre. Prise dans un bouchon entraîné par un barrage des «Gilets jaunes», une voiture a percuté, cette nuit à Arles, un poids-lourd, avant d'être elle-même percutée par une autre voiture.Un automobiliste a été tué dans la nuit de samedi à dimanche à Arles, dans un carambolage provoqué par un bouchon dû à un barrage de «Gilets jaunes» sur une route départementale, rapporte Reuters, citant la gendarmerie. C'est le troisième mort en marge du mouvement des Gilets jaunes. La manifestation des Gilets jaunes contre l'érosion du pouvoir d'achat a été entachée, samedi, de confrontations, notamment à Paris, qui ont entraîné l'interpellation de 412 personnes, et provoqué 133 blessés, dont 23 parmi les forces de l'ordre, selon la préfecture. Le président français avait prononcé un discours appelant au calme, et écartant l'annulation des taxes. C'était à la veille de la nouvelle protestation aux Champs Elysées. Le 3e acte de la mobilisation des «Gilets jaunes», qui s'est déroulé le samedi, a rassemblé 136.000 manifestants, a annoncé le ministère français de l'Intérieur. Toute la journée de samedi, nombre de régions de Paris ont été le théâtre d'importantes confrontations urbaines. Elles ont fait 133 blessés, et ont conduit au placement en garde à vue de 378 personnes sur les 412 interpellées. La spontanéité du mouvement des Gilets jaunes fait sa force, mais elle place aussi les manifestants en position délicate, entre des casseurs violents, et un gouvernement qui saisit l'occasion pour décrédibiliser une protestation sans mot d'ordre clair. Passée la journée de mobilisation et ses confrontations dans la capitale, le mouvement des Gilets jaunes est appelé à se poursuivre. Au gré des rassemblements, des blocages et des manifestations, il peine toutefois à s'organiser de manière cohérente, ce qui fait sa faiblesse, tout en lui garantissant paradoxalement une certaine force. Reste que la crise bien réelle qui s'amorce appelle une réponse politique, et que le gouvernement semble désemparé face à la complexité, à la dispersion et à la spontanéité de ce phénomène qu'il peine à appréhender. En témoigne, notamment, le rendez-vous d'une délégation de Gilets jaunes avec Edouard Philippe, qui a viré au fiasco le 30 novembre dernier. De leur côté, les Gilets jaunes sont parcourus par une contestation des porte-paroles plus ou moins officiels, dont ils se sont dotés de manière erratique. Ces paramètres tendent à brouiller l'objet des revendications des manifestants. Si certains tiennent un discours plutôt social, demandant une hausse du pouvoir d'achat ou un rétablissement de l'ISF, d'autres affichent des slogans anti-taxes et hostiles à l'impôt quel qu'il soit, faisant écho à des inspirations plus libérales. Nombre de Gilets jaunes affichent des motifs de colère divers, fermeture des services publics, exaspération face aux médias. A cela se mêlent, enfin, des appels à la démission d'Emmanuel Macron, à un changement de régime, ou à l'abolition du capitalisme. Bien loin des traditionnelles manifestations avec un mot d'ordre clair et précis, les Gilets jaunes sont éminemment multiformes par leurs profils, autant que par leurs attentes. Face à cette colère sans homogénéité, qui semble agréger des frustrations concurrentes, voire contradictoires, le gouvernement saisit l'opportunité : il peut d'autant plus mettre l'accent, selon une stratégie de communication politique très classique, sur les débordements de quelques-uns, plutôt que sur les revendications politiques de la majorité, dénoncées comme confuses et diluées. Et les casseurs, simultanément accusés d'être d'extrême-droite ou d'extrême-gauche, apparaissent alors comme un prétexte tout trouvé pour l'exécutif. Les Gilets jaunes entre gouvernement et casseurs Forces de l'ordre éprouvées, quartiers huppés ravagés : l'acte 3 de la mobilisation des Gilets jaunes a été marqué par de très nombreuses violences, particulièrement à Paris. D'aucuns suggèrent aujourd'hui des pistes pour démasquer leurs auteurs. Correspondant à la troisième journée de mobilisation d'ampleur des Gilets jaunes, le 1er décembre a vu se dérouler d'intenses scènes de violences aux abords des Champs-Elysées, à Paris. Véhicules et restaurants incendiés, magasins saccagés et pillés, forces de l'ordre prises à partie : contrairement à la détermination pacifique d'une majorité de Gilets jaunes, à qui RT France a donné la parole toute la journée, certains participants avaient prévu d'autres méthodes d'action pour marquer le coup. Armés de marteaux, de frondes et autres outils, laissant peu de doute quant à leurs intentions, des individus se sont, en effet, fondus dans la foule, avec la ferme intention d'en découdre, du matin jusqu'à tard après la tombée de la nuit, comme en témoignent plusieurs vidéos, diffusées en direct par RT France, depuis la place de l'Etoile. «Plusieurs groupuscules nationalistes et d'extrême droite sont, notamment, à la manœuvre», souligne le quotidien Libération, après avoir relevé, Place des Ternes, un graffiti du GUD, une organisation étudiante nationaliste, connue pour son activisme violent dans les années 1970, un slogan «On est chez nous» tagué non loin de là, ou encore l'inscription «Justice pour Esteban», en référence à l'ancien skinhead Esteban Morillo, condamné à onze ans de prison pour la mort de Clément Méric en 2013.